Nirvana

Nirvana (groupe)

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Nirvana (groupe)
Nirvana around 1992.jpg
Genre(s) Grunge, rock alternatif, pop
Années actives 1987 - 1994
Label(s) Sub Pop
DGC Records
Membres actuels Kurt Cobain
Krist Novoselic
Dave Grohl
Anciens membres Aaron Burckhard
Dave Foster
Dale Crover
Jason Everman
Chad Channing
Dan Peters
NirvanaLogo.png

Nirvana est un groupe américain de rock alternatif, souvent associé au grunge, formé en 1987 à Aberdeen, dans l'État de Washington, par le chanteur-guitariste Kurt Cobain et le bassiste Krist Novoselic. Après une succession de batteurs et un premier album produit par le label indépendant Sub Pop, la formation se stabilise avec l'arrivée de Dave Grohl en octobre 1990.

Le trio signe avec le label DGC Records et sort son deuxième album studio, Nevermind, en septembre 1991, accompagné du single Smells Like Teen Spirit. Le clip de celui-ci est diffusé à longueur de journées sur la chaîne musicale MTV, tandis que le disque se vend à plus de 3 millions d'exemplaires en moins de six mois, balayant tout sur son passage. Le groupe et Cobain tout particulièrement sont sans cesse suivis par la presse, la relation de ce dernier avec Courtney Love faisant régulièrement la une pour ses frasques. Sous pression, la formation est au bord de la rupture à l'été 1992 mais accepte de participer au festival de Reading, qui verra l'une des prestations scéniques les plus abouties de leur carrière.

Nirvana s'isole au début de l'année 1993 au studio Pachyderm avec Steve Albini et y enregistre son troisième album, dans l'objectif de retrouver un son plus sombre et « moins commercial » que celui de Nevermind. Après un remixage de la première version, In Utero sort en septembre et s'empare directement de la tête des différents classements de ventes, bien qu'il ne bénéficie d'aucune promotion. À la mi-novembre, le groupe, désormais accompagné sur scène par Pat Smear à la guitare, s'illustre lors de l'émission MTV Unplugged, lors de laquelle il réalise plusieurs reprises dont le déchirant Where Did You Sleep Last Night de Leadbelly. Après une dernière jam session au début de l'année 1994, la tournée européenne qui suit s'achèvera prématurément après l'hospitalisation de Cobain, due à un mélange d'alcool et de drogue. Il va à Los Angeles pour suivre une cure de désintoxication mais rentre à Seattle peu après et se suicide chez lui début avril 1994.

Avec seulement trois albums studio, les compositions de Nirvana proposent des ballades inspirée des Beatles ou des morceaux aux riffs plus agressifs inspirés de KISS, Led Zeppelin, Sonic Youth, Black Sabbath ou Metallica. Les thèmes abordés par Kurt Cobain sont variés et souvent personnels : la dépendance aux drogues, le machisme, l'amour ou sa propre enfance. La carrière de Nirvana, bien que courte, marque l'histoire du rock de son empreinte, rendant populaire le rock alternatif et ouvrant la voie à d'autres groupes tels que The Offspring, Green Day. Leur label DGC Records publie régulièrement des compilations, des albums live ou de nouvelles éditions d'albums de la formation.

Histoire

1987 à 1989 : les prémices du succès

Les débuts sur la scène underground de Seattle

Kurt Cobain et Krist Novoselic se rencontrent pour la première fois en 1984 à la salle de répétition des Melvins, à Aberdeen[a 1]. Bien que le premier veuille monter un groupe avec le second, ce n'est qu'en 1987 qu'ils commencent à jouer ensemble. Ils débutent avec Bob McFadden à la batterie[a 2], mais recrutent Aaron Burckhard durant l'hiver pour le remplacer[a 3]. Ils s'essayent d'abord sur des morceaux de Fecal Matter, l'ancien groupe de Kurt Cobain, avant de composer de nouvelles chansons[a 4].

Kurt Cobain et Krist Novoselic déménagent ensuite, respectivement à Tacoma et Olympia, perdant contact avec leur batteur. Dale Crover, des Melvins, les rejoint alors pour leurs répétitions[a 5]. Le 23 janvier 1988, ils enregistrent dix titres (dont un brouillon de Love Buzz) en quatre heures au studio d'enregistrement Reciprocal Recording, un pavillon suburbain de Seattle reconverti en studio en 1986. Jack Endino produit leur première démo, intitulée Dale Demo, que le producteur présente à Jonathan Poneman, directeur du label Sub Pop[m 1],[g 1]. Dale Crover quitte à son tour le groupe en mars mais leur recommande Dave Foster pour le remplacer[a 6]. La formation se stabilise quelques mois, mais Foster fait un passage en prison, et malgré un éphémère retour d'Aaron Burckhard, le duo poste une annonce dans le magazine The Rocket afin de trouver leur maillon manquant[m 1]. Un ami commun leur présente alors Chad Channing, qui devient le nouveau batteur du groupe bien qu'il n'en ait jamais eu la confirmation officielle[a 7]. La formation prend différents noms avant de se fixer sur Nirvana[a 8]. Le premier concert joué sous cette appellation a lieu le 19 mars 1988 au Community World Theatre de Tacoma[m 2].

Sur une invitation de Jonathan Poneman, ils donnent un petit concert au club Vogue de Seattle le 24 avril lors d'un Sub Pop Sunday, au cours duquel les deux dirigeants du label sont impressionnés par « la fureur scénique du groupe »[m 2]. Nirvana est de ce fait convié au Reciprocal Recording à plusieurs reprises en juin et juillet où ils enregistrent avec Jack Endino une reprise du groupe néerlandais Shocking Blue, Love Buzz, et Big Cheese. À la suite de ces différentes sessions, Jonathan Poneman choisit d'inaugurer le Sub Pop Singles Club en novembre 1988 avec la sortie de leur premier single, Love Buzz, dont la face B n'est autre que Big Cheese[m 3]. Ce single n'est tiré qu'à 1 000 exemplaires[t 1].

Le son grunge Sub Pop

Article détaillé : Bleach (album)

Après la signature d'un contrat de licence avec Sub Pop, le groupe est prié de rentrer en studio pour enregistrer un maxi[a 9]. Le trio répète alors durant plusieurs semaines au-dessus du salon de coiffure d'Aberdeen où travaille la mère de Krist Novoselic pour s'y préparer[m 4],[g 2]. En revanche, ils le font dans le but de sortir un album et non un simple maxi[a 9]. Nirvana entre au Reciprocal Recording pour l'enregistrement de Bleach le 24 décembre 1988 sous la houlette de Jack Endino, le producteur de Sub Pop qui a supervisé les groupes majeurs de la première vague grunge tels que Mudhoney, Tad et Soundgarden. Cette première session, la veille de Noël, n'est pas très productive : durant les cinq-six heures de celle-ci, ils partagent plus leurs impressions sur ce qu'ils souhaitent faire qu'ils ne jouent[m 4],[a 10].

Les sessions suivantes des 29, 30 et 31 décembre, puis des 14 et 24 janvier, se révèlent bien plus efficaces puisque l'album est enregistré et mixé en une trentaine d'heures[a 11]. Floyd the Barber, Paper Cuts et Downer proviennent de sessions précédentes au Reciprocal Recording, pendant lesquelles Dale Crover est présent à la batterie. Le groupe souhaite de nouveau les enregistrer avec Chad Channing, mais doit finalement se résigner à seulement les remixer pour la version finale de l'album[a 11]. Finalement, l'enregistrement de Bleach est facturé 606,17 $ à Nirvana par Jack Endino[a 11]. Cet argent est emprunté à Jason Everman, un ami du groupe, ce qui lui vaudra d'être crédité comme deuxième guitariste alors qu'il n'a pas joué une seule note de guitare sur l'album[m 5].

Sub Pop n'ayant pas suffisamment de fonds pour publier Bleach, sa parution est décalée de plusieurs mois[a 11]. De fait, l'album bénéficie d'une promotion quasi nulle car le label ne croit pas en la réussite du groupe et se concentre davantage sur Mudhoney et Tad. Le communiqué de presse ironique de Sub Pop est d'ailleurs sans équivoque : « Ils sont jeunes, ils possèdent leur propre van et ils vont nous rendre riches ! »[m 6]. Ainsi, le label prévoit de vendre au mieux 5 000 copies et n'est pas préparé à en produire beaucoup plus[g 3]. Bleach paraît en cassette et en vinyle 7" le 15 juin 1989 aux États-Unis, est distribué en vinyle et en CD par Tupelo Records au Royaume-Uni dans une édition incluant Big Cheese[m 7], tandis que Waterfront Records se charge de sa diffusion en Australie[1],[2]. À sa sortie, l'album n'entre dans aucun classement de ventes, ni n'obtient de certification.

Premières tournées

Malgré la très faible promotion du label, Nirvana part dans son vieux van pour une tournée de dix-neuf dates, commençant le 22 juin à San Francisco et se terminant le 18 juillet à New York. Le public est très peu nombreux et la majorité des spectateurs viennent plus pour assister au concert d'un groupe Sub Pop que pour Nirvana. Le budget est lui aussi très limité, forçant les membres à dormir souvent dans la même chambre de motel à 30 $ la nuit, voire dans le même lit. Au cours de la tournée, le deuxième guitariste Jason Everman se retire petit à petit du groupe, Kurt Cobain ne lui adressant même plus la parole après le dernier soir. Le trajet de retour pour Seattle s'effectue « dans un silence pesant »[m 6].

Kurt Cobain et Krist Novoselic forment brièvement un supergroupe nommé The Jury (que Cobain aurait souhaité appeler Lithium) avec Mark Lanegan et Mark Pickerel, de Screaming Trees, au Reciprocal Recording les 20 et 28 août. Influencés par Led Zeppelin et Cream, ils échangent également sur la culture blues et notamment Leadbelly, figure majeure de la musique populaire américaine dans les années 1930 et 1940. Parmi les quelques chansons enregistrées, seule Where Did You Sleep Last Night est gardée pour le premier album solo de Lanegan, The Winding Sheet, paru en mai 1990[m 6],[m 8].

Nirvana ne donne que quatre concerts dans l'état de Washington en août et deux en septembre dans le Mid-Ouest, Cobain passant beaucoup de temps dans son appartement d'Olympia à écrire des chansons : Sliver et Smells Like Teen Spirit naissent d'ailleurs à cette période. Le groupe se réunit un soir au studio Music Source avec le producteur Steve Fisk pour enregistrer de nouveaux morceaux et ainsi sortir un maxi en Europe, principalement au Royaume-Uni, où Bleach vient seulement de paraître et où ils vont bientôt donner des concerts[m 8]. Sur les cinq pistes enregistrées dans la soirée, Stain, Been a Son sont gardées pour Blew, les deux autres chansons de ce maxi quatre titres étant Blew et Love Buzz, reprises de l'album[m 9].

Nirvana débute sa tournée européenne par un concert à Newcastle le 23 octobre 1989 devant un public et une presse britannique enthousiastes. Grâce à cette publicité, les salles se remplissent de plus en plus au cours des trente-six dates[m 9]. Le groupe traverse ensuite l'Europe pendant six semaines dans un van : Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Hongrie, Suisse, puis Italie. Lors d'un concert à Rome, leur prestation est désastreuse. Cobain déclare alors qu'il quitte la formation et monte sur des rampes d'éclairage avant de menacer de sauter dans le vide. Cette réaction du chanteur vient à l'encontre des deux dirigeants du label Sub Pop, Bruce Pavitt et Jonathan Poneman, qui ont profité du spectacle à leur aise alors que le trio enchaîne les dates dans des conditions déplorables. Presque sans le sou, le groupe peut à peine remplacer le matériel qu'il détruit « instinctivement » sur scène[m 9]. Cobain fracasse ainsi sa nouvelle Fender (offerte par Jonathan Poneman pour remplacer son ancien instrument) sur Novoselic et sa basse lors d'une des deux soirées à l'Astoria de Londres[m 10]. Ces concerts devenus légendaires font de Nirvana l'ambassadeur du son de Seattle et du grunge et leur réputation traverse ensuite l'Atlantique. En conséquence, les premiers mois de l'année 1990 voient les ventes de Bleach enfin décoller, lui permettant de devenir le plus important succès pour un premier album sur un label indépendant[m 10].

1990 à 1992 : la déferlante Nirvana

Sessions aux studios Smart

Nirvana commence à planifier son deuxième album avec Sub Pop au début de l'année 1990, le codirigeant du label Bruce Pavitt suggérant au groupe de collaborer avec Butch Vig pour le produire[3]. Les membres du groupe ont apprécié le travail de celui-ci avec Killdozer et lui disent qu'ils souhaitent « que leur son soit aussi puissant »[p 1]. Le 2 avril, le groupe commence à travailler sur l'album dans ses studios de Madison, dans le Wisconsin. La plupart des arrangements servant de base aux chansons sont effectués à ce moment-là mais les paroles ne sont pas définitives car Kurt Cobain y travaille encore. De plus, ils ne savent pas combien de chansons ils désirent voir figurer sur le disque[b 1].

Huit chansons sont enregistrées : Immodium (démo de la future Breed), Dive, In Bloom, Pay to Play (démo de la future Stay Away), Sappy, Lithium, Here She Comes Now et Polly[a 12]. Le groupe prévoyait initialement d'en enregistrer plus mais, le 6 avril, Cobain se casse la voix sur Lithium, ce qui met fin à la session[3]. C'est également pendant l'enregistrement de ce morceau que le fossé se creuse entre le chanteur et Chad Channing, le premier se montrant particulièrement mécontent du jeu de batterie du second[b 2]. Frustré de ne pas être plus impliqué dans le processus créatif, le batteur quitte le groupe peu après[a 13]. Cobain et Novoselic se mettent alors en quête d'un remplaçant, faisant d'abord appel à Dale Crover, des Melvins, puis à Dan Peters, de Mudhoney[a 14]. Alors qu'il assiste à un concert de Scream, Cobain est impressionné par le jeu de Dave Grohl[t 2]. Le groupe de punk hardcore est dissous peu après et Buzz Osborne des Melvins met Grohl en contact avec Cobain et Novoselic[a 15]. Le batteur est engagé en octobre 1990 et Novoselic dira plus tard : « dès que Dave nous a rejoint, tout s'est mis en place, Nirvana avait trouvé son chaînon manquant [] Quelque chose nous a fait nous rencontrer, et l'impact était immédiat »[3].

En parallèle, Cobain écrit de nouvelles chansons et écoute alors beaucoup de groupes comme R.E.M., The Smithereens ou les Pixies. Désabusé par le son lourd et peu mélodique de la scène grunge de Seattle sur lequel Sub Pop a construit l'image de Nirvana, il s'inspire de ces artistes pour écrire des morceaux plus mélodiques. Le single Sliver, sorti en septembre 1990, est une confirmation de la nouvelle orientation musicale qu'il veut prendre et a d'ailleurs pour but de préparer le public au prochain album du groupe[a 16]. Cependant, Cobain ne veut pas non plus que sa musique soit trop lissée et cherche pour cela « une guitare rugissante et une batterie sauvage »[3].

Sessions aux studios Sound City

Butch Vig s'attend à ce que le groupe revienne pour terminer l'enregistrement, mais n'a par la suite plus de nouvelles de celui-ci. En effet, en plus du changement de batteur, cette période coïncide également avec la recherche d'un nouveau label, Nirvana se servant pour cela de la démo de la session d'enregistrement[a 17]. Sub Pop connaît des difficultés financières et des rumeurs courent sur sa reprise par une major. Le trio décide de prendre les devants et se cherche une nouvelle maison de disque suffisamment importante pour racheter leur contrat[a 18]. Plusieurs labels les courtisent mais le groupe finit par signer avec DGC Records sur les recommandations de Kim Gordon du groupe Sonic Youth, qui vient de le rejoindre[a 19]. DGC leur propose de terminer l'album en collaborant avec un autre producteur, leur soumettant plusieurs noms dont celui de Scott Litt, cependant le groupe souhaite garder Butch Vig, avec qui il a établi un rapport de confiance[a 20]. Le label leur accorde un budget de 65 000 $, l'enregistrement de l'album ayant lieu aux studios Sound City de Van Nuys du 2 au 19 mai 1991[s 1]. Il devait initialement avoir lieu en mars et en avril avant d'être repoussé en raison de la nervosité ressentie par les membres de Nirvana à l'idée d'enregistrer pour un label important[p 2]. Sur les cassettes de répétitions envoyées à Vig, figurent les chansons enregistrées précédemment aux studios Smart, mais aussi de nouvelles compositions, parmi lesquelles Come as You Are et Smells Like Teen Spirit, dont le producteur réalise immédiatement le potentiel[a 21]. Pour payer l'essence du trajet jusqu'à Los Angeles, le trio donne le 17 avril un concert au cours duquel il interprète Smells Like Teen Spirit pour la première fois en public[3].

À leur arrivée à Los Angeles, les membres du groupe passent d'abord quelques jours à peaufiner les arrangements des chansons avec Butch Vig[a 22]. Le seul enregistrement à être retenu tel quel de la session initiale aux studios Smart est celui de Polly, sur lequel on peut entendre Chad Channing aux cymbales. À raison de huit à dix heures par jour, les musiciens font généralement deux ou trois prises avec leurs instruments pour chaque titre et passent à un autre morceau si ces essais ne s'avèrent pas satisfaisants[a 23]. Cependant, les chansons ont été tellement répétées avant l'enregistrement que, la plupart du temps, peu de prises sont nécessaires[p 2]. Le morceau Territorial Pissings est même enregistré en une seule prise, la guitare étant directement branchée sur la console de mixage sans passer par un amplificateur[a 24]. Lithium, Lounge Act et Something in the Way sont les seules chansons à poser quelques problèmes au groupe[d 1]. À la fin de chaque journée de travail, le trio part relâcher la pression à Hollywood. Novoselic, grand consommateur de whisky et seul membre du groupe à avoir le permis de conduire, est même arrêté une nuit par la police en raison de sa conduite erratique[o 1].

Novoselic et Grohl terminent leurs parties de basse et de batterie en quelques jours, mais Cobain doit travailler plus longtemps sur la guitare et le chant, achevant l'écriture des paroles de Stay Away et On a Plain quelques minutes à peine avant de les enregistrer[a 25]. Le phrasé du chanteur est tellement semblable sur diverses prises que Vig peut les mixer directement sans utiliser le re-recording[a 23]. Cobain étant peu disposé à faire de multiples prises de ses enregistrements, Vig doit souvent avoir recours à la ruse pour l'y contraindre. Il le persuade notamment de doubler sa piste vocale sur In Bloom en lui disant que John Lennon, l'une des idoles de Cobain, l'avait fait[3]. Les sessions d'enregistrement se passent généralement dans une bonne ambiance, même si Vig rapportera plus tard que Cobain était lunatique et difficile par moments, affirmant qu'il « pouvait être formidable pendant une heure et passer l'heure suivante assis dans un coin sans dire un mot »[p 1].

Une fois l'enregistrement de l'album terminé, Vig et le groupe partent le mixer du 20 au 28 mai aux studios Devonshire, mais, toujours mécontents de leur travail au bout de quelques jours, ils décident de faire appel à quelqu'un d'autre pour superviser ce procédé. DGC Records leur fournit une liste de possibles collaborateurs dont font partie Scott Litt et Ed Stasium, connus respectivement pour leur travail avec R.E.M. et The Smithereens. Cobain craint néanmoins qu'en faisant appel à eux, le son de l'album se rapproche trop de celui de ces deux groupes et choisit plutôt Andy Wallace, qui a travaillé sur l'album Seasons in the Abyss (1990) de Slayer[b 3]. Au rythme d'une chanson par jour en moyenne, il modifie juste légèrement le son de la batterie[a 26]. Le matriçage de l'album est effectué dans l'après-midi du 2 août au Mastering Lab d'Hollywood. Howie Weinberg le réalise presque entièrement tout seul car Wallace et les membres du groupe arrivent avec beaucoup de retard au studio[b 4]. Endless, Nameless, la chanson cachée qui doit apparaître à la fin de Something in the Way, est accidentellement omise des 20 000 premières copies de l'album à la suite d'une incompréhension entre Weinberg et le label. Quand le groupe le découvre en écoutant l'exemplaire qu'on leur a donné, Cobain demande à Weinberg de rectifier l'erreur[b 5], ce dernier ajoutant alors dix minutes de silence à la fin de Something in the Way, au bout desquelles commence Endless, Nameless sur les copies ultérieures de l'album[b 6].

Nevermind, succès universel inattendu

Article détaillé : Nevermind

Nevermind sort le 24 septembre 1991, avec un tirage initial de 46 251 exemplaires, envoyé aux disquaires américains[a 24], tandis que 35 000 copies supplémentaires sont expédiées au Royaume-Uni, où Bleach a remporté un certain succès[b 7]. Smells Like Teen Spirit, choisi comme premier single, précède de peu la sortie de l'album en étant publié le 10 septembre. D'après les prévisions du label, cette chanson doit rassembler une base de fans parmi les amateurs de rock alternatif, tandis que le deuxième single programmé, Come as You Are, doit fédérer un public plus large[a 27]. DGC Records espère ainsi qu'il se vendra environ 250 000 exemplaires de l'album, le chiffre atteint par Goo, l'album de Sonic Youth sorti l'année précédente par le label[p 3]. Selon les prévisions les plus optimistes, il pourrait obtenir une certification de disque d'or en septembre 1992[a 28]. L'album entre dans le classement Billboard 200 à la Modèle:144e place le 12 octobre[t 3],[g 4].

Smells Like Teen Spirit devient, de façon totalement inattendue, de plus en plus populaire puisque le clip de la chanson est diffusé pour la première fois le 14 octobre dans l'émission 120 Minutes de MTV, programmée tard dans la nuit, à la suite de quoi la chaîne commence rapidement à le passer plusieurs fois pendant la journée pendant neuf semaines[a 29],[g 4]. Le 9 novembre, l'album passe de la Modèle:35e à la Modèle:17e place du Billboard 200, tandis que Smells Like Teen Spirit accède à la Modèle:27e position du Billboard Mainstream Rock Tracks[g 5]. Le single est désormais un véritable tube et l'album se vend tellement bien que les stratégies de marketing de Geffen Records deviennent obsolètes[a 30]. Nevermind devient disque d'or à la fin octobre, puis disque de platine, mais le trio demeure assez indifférent à ce succès, surtout surpris de cette réussite[a 31],[g 5]. Kurt Cobain se désole même pour sa part de cette médiatisation : « je ne pense pas que cela soit génial de passer 20 fois par jour sur MTV, à part pour les ventes de l'album. Du strict point de vue de l'image du groupe, c'est catastrophique. On passe vraiment pour un produit de consommation courante »[t 4].

Quatre jours avant la sortie de l'album, Nirvana a entrepris une tournée américaine de trente-trois dates pour le promouvoir, débutant le 20 septembre à Toronto et s'achevant le 31 octobre à Seattle, dont vingt-neuf sont aux États-Unis, trois au Canada et une au Mexique[4]. Le groupe part ensuite pour une tournée européenne qui commence le 4 novembre à Bristol pour se finir le 7 décembre à Rennes et comptant vingt-quatre dates, avec douze au Royaume-Uni, quatre en Allemagne et en Italie, et une en Autriche, en Belgique, aux Pays-Bas et en France[4]. Au cours du spectacle à Gand, le 23 novembre, Dave Grohl et Krist Novoselic échangent leur rôle afin de jouer pour la première fois en public Where Did You Sleep Last Night, reprise de Leadbelly et chanson emblématique de Nirvana par la suite[g 6]. C'est également pendant cette tournée en Europe que le groupe se rend compte de la popularité dont il bénéficie désormais, les salles de concerts étant bondées, des équipes de télévision les suivant constamment sur scène et Smells Like Teen Spirit passant sans arrêt à la radio et sur les chaînes musicales[a 32].

Leur prestation lors de l'émission britannique Top of the Pops du 27 novembre est d'ailleurs très remarquée tant le trio, excédé de devoir jouer en playback, interprète Smells Like Teen Spirit délibérément sans enthousiasme[g 6],[m 11]. Du 27 décembre au 2 janvier, le trio participe à une mini-tournée américaine en compagnie des Red Hot Chili Peppers et de Pearl Jam[4], avant d'être ensuite invité le 7 janvier 1992 à l'émission Late Show with David Letterman. Au cours de celle-ci, le chaos s'installe après Smells Like Teen Spirit et Territorial Pissings, Novoselic donnant un baiser à ses compères[g 6], le scénario se renouvelant quatre jours plus tard lors du Saturday Night Live. Mais Cobain fait une overdose d'héroïne le lendemain matin et est sauvé par sa compagne Courtney Love, habituée de ce type de situations[m 12]. Tout comme lors de ces émissions, le groupe achève ses concerts en tournée par Territorial Pissings ou Endless, Nameless, chansons au tempo frénétique que le trio conclut invariablement par la destruction de ses guitares[d 2], et parfois même par celle de la batterie, comme le 12 octobre à Chicago[4].

Le 11 janvier 1992, Nevermind déloge Dangerous de Michael Jackson de la première place du Billboard 200, se vendant alors à environ 300 000 exemplaires par semaine[a 33]. Même le New York Times s'intéresse à la réussite du groupe et du disque dans sa section économique[g 6]. Ropin' the Wind, de Garth Brooks, détrône Nevermind avant que l'album ne retrouve la première place le 1er février pour une dernière semaine[g 6]. Trois millions de copies se sont alors déjà vendues[g 7]. Le 24 janvier, le groupe entame à Sydney une tournée dans la région du Pacifique qui s'achève le 22 février à Honolulu, où Kurt Cobain épouse Courtney Love deux jours plus tard en pyjama sur la plage[g 7]. Elle comprend dix-sept dates, dont onze en Australie, quatre au Japon, deux à Hawaï et une en Nouvelle-Zélande[5]. Le deuxième single de l'album, Come as You Are, sort le 24 février 1992 et remporte lui aussi du succès, bien qu'inférieur à celui de Smells Like Teen Spirit[6]. Le lendemain, l'album, alors nommé pour le Grammy Award du meilleur album de rock alternatif, est battu par Out of Time de R.E.M[7].

Le groupe doit ensuite entamer en avril une deuxième tournée américaine mais décide de l'annuler en raison de la fatigue accumulée pendant les tournées précédentes[a 34]. Le trio revient jouer dix concerts en Europe du 21 juin au 4 juillet, avec trois dates en Espagne, et une en Irlande, en Irlande du Nord, en France (au Zénith de Paris), au Danemark, en Finlande, en Norvège et en Suède[5]. Deux autres singles, Lithium et In Bloom, sont ensuite extraits de l'album. Cobain s'adjuge alors 75 % des droits d'auteur du groupe et son état de santé inquiète à la vue des multiples drogues qu'il consomme, des rumeurs selon lesquelles le groupe est sur le point de se séparer naissent en conséquence. Mais le 30 août, pour la somme de 250 000 $ et malgré le faible nombre de répétitions, Nirvana accepte d'être en tête d'affiche du festival de Reading, au cours duquel le chanteur arrive sur scène dans un fauteuil roulant et habillé d'une robe d'hôpital[a 35],[g 8]. Devant 40 000 personnes, ils jouent avec les rumeurs de fin de groupe tout au long du spectacle : Cobain y annonce que c'est officiellement le dernier concert du groupe avant que Novoselic n'ajoute « pour aujourd'hui », puis que Grohl poursuive avec une nouvelle chanson, Tourette's[g 9], faisant de ce concert l'une des meilleures performances scéniques de leur carrière[8].

1993 à 1994 : le point de non-retour

Nirvana, groupe marketing

Article détaillé : Incesticide

À l'été 1992, Nevermind s'est vendu à plus de 5 millions de copies. Nirvana occupe le devant de la scène musicale mondiale, rendant populaire le grunge et le rock alternatif en général[t 5], tandis que Kurt Cobain et son épouse Courtney Love font régulièrement la une des journaux pour leurs frasques et leur consommation excessive de drogues[m 13]. Trouvant le son de l'album trop lisse, le groupe souhaite revenir à l'intensité primale de Bleach pour son prochain album, en y ajoutant leur maturité[r 1],[m 14]. Le chanteur, qui a déjà entamé la composition de la plupart des chansons dans son appartement au printemps 1993[m 14], souhaiterait commencer à travailler dessus avec le reste du groupe à partir de l'été, mais les trois musiciens vivent désormais dans des villes différentes : Dave Grohl est retourné en Virginie, Krist Novoselic vit avec sa femme à Seattle et Kurt Cobain attend la naissance de sa fille Frances Bean Cobain avec Courtney Love à Los Angeles[a 36].

En juillet, le chanteur fait part de sa volonté d'enregistrer avec Jack Endino, producteur de Bleach, et Steve Albini, leader de Big Black et de Rapeman mais aussi producteur de Surfer Rosa des Pixies. Le groupe effectue d'ailleurs une session avec le premier à Seattle les 26 et 27 octobre au cours de laquelle six titres sont enregistrés, dont une version chantée de Rape Me[r 2],[m 14]. Endino ne souhaite cependant pas prendre la responsabilité des séances du nouvel album, remarquant d'ailleurs que le trio ne demande pas spécialement son aide pour leur disque. Cobain fait donc appel à Albini[r 3],[m 14], réputé pour le son « abrasif presque corrosif qui magnétise les auditeurs » sur les albums qu'il produit[g 10].

Ne pouvant publier de nouvel album à la fin de l'année 1992, DGC Records sort le 15 décembre la compilation Incesticide, qui rassemble des titres enregistrés au cours des cinq dernières années et un livret complet où Cobain évoque principalement ses préférences musicales[m 15]. En parallèle, le label réédite Bleach en collaboration avec Sub Pop afin de profiter pleinement du succès interplanétaire de Nirvana[p 4]. Le 22 janvier 1993, lors du passage du groupe au Brésil pour le festival Hollywood Rock, ses membres se rendent dans un studio de la ville avec leur ingénieur du son Craig Montgomery et y enregistrent quelques démos, dont Gallons of Rubbing Alcohol Flow Through the Strip[r 4]. Le lendemain, au Praca Da Apoteose Stadium de Rio de Janeiro, ils jouent pour la première fois en public Scentless Apprentice et Heart-Shaped Box, de leur futur album[m 16].

In Utero, le message d'adieu de Kurt Cobain

Article détaillé : In Utero (album)

Kurt Cobain et Steve Albini échangent beaucoup par fax pour préparer le terrain, discutant de la direction qu'ils souhaitent que l'album prenne, de la nécessité d'avoir un son rugueux et des sessions en prise directe[m 17]. Ils s'imposent d'entrée une durée maximale de quinze jours pour l'enregistrement de l'album. Se méfiant de DGC Records, le producteur propose que les membres du groupe payent eux-mêmes la facture de 180 000 $ (24 000 $ pour la location du studio, 100 000 $ pour les services d'Albini et le reste pour l'enregistrement), ce qu'ils acceptent[m 18]. Alors qu'en percevant un pourcentage sur les ventes, Albini aurait pu toucher au moins cinq fois plus, celui-ci refuse considérant cette pratique immorale et comme « une insulte à l'artiste »[a 37],[p 5]. Pour l'enregistrement, le trio a réservé le studio Pachyderm à Cannon Falls, un village à une soixantaine de kilomètres de Minneapolis, dans le Minnesota afin d'éviter tout contact médiatique. Pour cela, ils utilisent le nom de Simon Ritchie Bluegrass, clin dil au nom original de Sid Vicious, le bassiste des Sex Pistols[m 18],[t 6].

En février 1993, Nirvana se rend au studio et rencontre Albini physiquement pour la première fois[r 5]. Le groupe et le producteur sont d'accord sur l'orientation à donner à l'album : « ils souhaitent faire exactement le genre de disque qu'il aime produire »[r 6]. Seuls eux et le technicien Bob Weston sont présents durant la grande majorité des sessions, ayant clairement précisé à DGC Records qu'ils ne souhaitaient pas être dérangés pendant l'enregistrement, refusant d'ailleurs de montrer le travail en cours à l'A&R du label[a 38]. De plus, le producteur demande aux trois musiciens de se couper des personnes extérieures car il estime que l'entourage du trio est « le plus gros tas de merde qu'il ait jamais rencontré »[e 1]. Le groupe étant venu au studio sans son matériel, les premiers enregistrements ne commencent que trois jours plus tard, le 13 février, et le rythme est rapidement très soutenu : ils travaillent de midi à minuit, ne s'accordant que deux pauses pour le déjeuner et le diner[r 5],[a 38]. En dehors de Very Ape et Tourette's, les chansons les plus rapides, les morceaux sont enregistrés avec les trois musiciens ensemble en direct et sans aucun effet[m 18]. Pour les deux autres, la batterie est enregistrée séparément dans une cuisine pour la réverbération naturelle grâce à trente micros[p 5]. Cobain ajoute ensuite des passages supplémentaires et des solos de guitare sur la moitié des chansons, puis finit par le chant[m 19], permettant de boucler l'enregistrement en six jours[r 7],[a 38]. Courtney Love vient voir son mari au bout d'une semaine parce qu'il lui manque, altérant l'ambiance dans le studio, critiquant leur travail et allant au conflit avec tout le monde, notamment via une violente altercation avec Dave Grohl[p 5],[g 11].

Un premier mixage de l'album est réalisé en cinq jours[r 8], le disque étant achevé le 26 février. Ils envoient alors les bandes aux responsables de Geffen, à Gold Mountain, leur société de management, et à leur entourage[r 9]. Les retours sont négatifs : pour eux, l'album est « inaudible », proposant « des paroles pas à la hauteur », « trop d'effets sur la batterie et une voix enfouie » que les radios n'accueilleront probablement pas à bras ouverts[a 39],[m 19]. Les médias s'emparent alors de l'affaire, font monter la pression et le producteur est rapidement traîné dans la boue pour « avoir bousillé le disque de Nirvana ». Peu de gens du label et de Gold Mountain approuvaient au départ le choix d'Albini comme producteur et Cobain comprend qu'il y a un message proche de « jette tout et recommence à zéro ». Cependant, quelques amis du groupe apprécient l'album et Nirvana est alors convaincu qu'il faut le publier ainsi en avril 1993[a 40]. Mais les nombreuses critiques finissent par faire douter les trois musiciens. Et finalement, le groupe en vient à la conclusion que la basse et le chant sont réellement inaudibles. Ils se tournent alors vers Albini pour remixer l'album, mais celui-ci refuse. Le groupe espère dissiper les inquiétudes avec le matriçage de Bob Ludwig. Novoselic est d'ailleurs ravi du résultat, mais pas Cobain, qui trouve encore le son imparfait[a 41].

Alors que des médias évoquent un album à refaire entièrement[p 6], Nirvana, le directeur de DGC Records, puis le fondateur du label David Geffen réagissent pour expliquer que le groupe souhaiterait seulement retravailler certaines chansons avec le producteur Scott Litt, dont la production sur Automatic for the People de R.E.M. a été fortement louée[a 41],[m 20]. Le trio désire aussi confier quelques morceaux à Andy Wallace, qui a déjà effectué cette tâche sur Nevermind, mais Albini proteste violemment, arguant que le groupe avait un accord avec lui et qu'aucune piste ne pouvait être modifiée sans son accord. Il finit par céder quand Novoselic l'appelle. Entre une nouvelle overdose et l'arrestation de son chanteur[g 12], Nirvana décide de retravailler Heart-Shaped Box et All Apologies au studio Bad Animals de Seattle en mai 1993 avec Scott Litt[a 42]. Cobain retire I Hate Myself and Want to Die de l'album car il considère qu'il y a déjà trop de chansons « bruyantes »[e 2], et surtout qu'il risquerait de provoquer des suicides chez les fans du groupe[m 20].

Nirvana interprète pour la première fois les chansons d'In Utero lors d'un événement organisé par Novoselic au Cow Palace de San Francisco le 9 avril 1993 afin de dénoncer les viols perpétrés en Yougoslavie, son pays d'origine, et récolter des fonds pour cette cause. Le bassiste décide d'ailleurs de se faire désormais appeler Krist pour marquer ses origines croates[t 7]. Le groupe ne donne que trois autres concerts au cours de l'été : le 23 juillet au Roseland Ballroom de New York lors du New Music Seminar, le 6 août au King Theatre de Seattle et le 8 septembre à Hollywood pour un concert caritatif intitulé Rock Against Rape. Ces spectacles marquent une première pour le trio puisque la violoncelliste Lori Goldston participe au second[m 20], tandis que Pat Smear, l'ancien guitariste des Germs, est rapidement considéré comme le quatrième membre du groupe après avoir été invité à une de leurs répétitions. Il permet ainsi à Cobain d'avoir plus de liberté sur scène, sans avoir à se soucier de certaines portions de guitares devenues ingérables. Lors du troisième spectacle, le leader du groupe rejoint sa femme Courtney sur scène pour y interpréter Pennyroyal Tea et Where Did You Sleep Last Night, pour leur unique performance commune[m 21].

In Utero est publié le 13 septembre 1993 au Royaume-Uni et une semaine plus tard, le 21, aux États-Unis[m 21],[g 13]. Afin d'éviter la surmédiatisation de l'album, DGC Records fait peu de publicité, adoptant la même stratégie que pour Nevermind. Ne se concentrant que sur les milieux alternatifs, le label ne le produit dans un premier temps qu'en vinyle et cassette dans une édition limitée à 25 000 exemplaires[p 7]. Il est ensuite également diffusé en CD des deux côtés de l'Atlantique[r 10], mais aucun single n'est publié de façon commerciale, Heart-Shaped Box puis All Apologies étant uniquement envoyés aux stations de radio de campus universitaires ou orientées rock[p 7]. Les chaînes de magasins Wal-Mart et Kmart refusent quant à elles de vendre l'album à cause de la présence de ftus sur le dos de la pochette et du morceau Rape Me, dont le titre est douteux[g 13],[t 8],[p 8]. DGC imprime alors un tirage spécial avec des illustrations modifiées et le nom de la chanson Rape Me remplacé par Waif Me[r 11]. Cobain et Novoselic acceptent ce compromis car adolescents, ils ne pouvaient acheter de disques que dans ce type de supermarchés familiaux, Aberdeen étant dépourvue de véritables magasins spécialisés. Ils souhaitent donc que les mineurs qui désirent se procurer leurs albums puissent aussi le faire[m 21],[p 9].

Bien que le groupe espère avoir moins de succès avec cet album[e 3], In Utero débute directement à la première place du Billboard 200, avec plus de 180 000 disques écoulés dès la première semaine[r 12], ainsi que des classements britannique et suédois[9],[10], et arrive à la 2e place en France[11]. Moins d'un mois plus tard, le groupe entame le 18 octobre à Phoenix une tournée de quarante-cinq dates à travers les États-Unis, dont les premières parties sont assurées par leurs groupes favoris, tels The Breeders, Shonen Knife, Butthole Surfers ou Meat Puppets[m 22],[g 14].

Un live acoustique et une session studio prometteuse en guise de fin

Article détaillé : MTV Unplugged in New York

Alors que les ventes d'albums et de places de concerts sont moins élevées que prévues, Nirvana accepte de jouer pour l'émission MTV Unplugged, au cours de laquelle les instruments sont débranchés et les chansons jouées en acoustique. Proposant reprises et chansons de leur répertoire[m 23], ils s'approprient totalement le concept de l'émission et montrent ainsi une nouvelle facette du groupe[m 24]. Diffusé le 12 décembre 1993, leur passage notamment marqué par les morceaux All Apologies, The Man Who Sold the World (reprise de David Bowie) et Where Did You Sleep Last Night de Leadbelly relance les ventes d'In Utero, ainsi que les audiences de l'émission[m 24],[m 25]. L'album est ainsi certifié cinq fois disque de platine aux États-Unis, avec plus de 5 millions de copies vendues[12], six fois de la même récompense au Canada, correspondant à des ventes supérieures à 600 000 exemplaires dans ce pays[13] et est également disque de platine en France avec plus de 300 000 exemplaires écoulés[14]. Disque d'or dans plusieurs autres pays du monde, il est aussi nommé pour le Grammy Award du meilleur album alternatif en 1994[15].

Après leur dernier concert sur le sol américain, le 8 janvier au Center Arena de Seattle, Cobain souhaite enregistrer de nouveaux morceaux alors que Grohl et Novoselic ont visité un nouveau studio nommé Bob's Bunker[g 15]. Ils le réservent alors du 28 au 30 janvier 1994, mais le chanteur n'arrive que le dernier jour dans l'après-midi. Appréciant ce qui ressort de la session commencée sans lui, il apporte sa voix sur une chanson d'abord intitulée Kurt's Tune #1 puis You Know You're Right, qui devient le titre du groupe enregistré le plus rapidement. Cobain s'absentant de nouveau, le bassiste et le batteur continuent leur jam session instrumentale au cours de laquelle le second finalise trois morceaux des futurs Foo Fighters. Bien qu'une seule chanson ait été enregistrée, ils réservent de nouveau le studio pour le mois d'avril, au retour de leur tournée européenne[m 26]. Nirvana débute son voyage en Europe par un passage dans l'émission Nulle part ailleurs sur Canal+ le 4 février et se produit ensuite à Lisbonne, à Toulon, à Toulouse. Après un premier soir au Zénith de Paris le 14 février, ils annulent leur concert du lendemain pour s'adonner à une séance photos dirigée par Youri Lenquette. Cobain y pose avec un revolver dans la bouche, tel un signe prémonitoire. Ils jouent ensuite à Rennes, à Grenoble, pour la Rai le 23 février, puis à Ljubljana, dans l'ex-Yougoslavie chère à Novoselic[m 27]. Le 1er mars, les Melvins ouvrent pour eux au Terminal Eins de Munich, prestation que Novoselic conclut en plaisantant avec la foule : « nous ne jouons pas dans une salle énorme ce soir, car notre carrière est déclinante. Nous sommes sur la voie de garage. Le grunge est mort, Nirvana est fini. Notre prochain album sera un disque de hip-hop ». Les deux dernières dates en Allemagne sont annulées à la suite du diagnostic du médecin : le chanteur est doublement atteint d'une bronchite et d'une laryngite.

Se reposant avec sa femme Courtney Love à Rome, il fait une première tentative de suicide le 4 mars dans la capitale italienne en mélangeant du champagne et une cinquantaine de comprimés de Rohypnol[g 16]. Sauvé in extremis après un coma de vingt heures, il est rapatrié dans son manoir aux États-Unis, où il se réfugie et menace d'en finir. Ses armes lui sont confisquées par la police le 18 mars et il est admis pour une cure de désintoxication à l'Exodus Recovery Center de Los Angeles le 30. Il s'en échappe le lendemain afin de prendre un avion en direction de Seattle, se donnant la mort le 5 avril. Son corps est retrouvé trois jours plus tard par un électricien venu installer une alarme[m 27].

Depuis 1994 : l'après Nirvana

Publications posthumes et réunions

Nirvana étant l'un des groupes qui vend le plus de disques lorsque Cobain se donne la mort, DGC Records souhaite profiter de la situation pour continuer de surfer sur la vague. Le label demande donc à Novoselic et Grohl de choisir plusieurs titres parmi les différents enregistrements qu'ils ont en leur possession pour sortir une compilation, annoncée sous le nom Chorus Versus Chorus[p 4]. Encore sous le coup de l'émotion, les deux derniers membres du trio sont incapables de faire un tri et décident de publier l'intégralité du concert donné lors de l'émission MTV Unplugged. L'album live, paru en novembre 1994 sous le titre MTV Unplugged in New York, entre instantanément en tête des classements de ventes de plusieurs pays et est l'album posthume le plus vendu au monde[m 28].

Deux ans plus tard, From the Muddy Banks of the Wishkah, une compilation de chansons enregistrées pendant des concerts donnés par le groupe entre 1989 et 1994, voit le jour et débute elle aussi en tête du Billboard 200[p 4]. Les années suivantes sont marquées par une bataille juridique entre Love, la veuve de Cobain, et les deux camarades de son défunt mari, celle-ci estimant que le chanteur-compositeur était Nirvana et que Grohl et Novoselic n'étaient que des musiciens à côté[p 10]. Un accord est finalement trouvé entre les deux parties en octobre 2002 et est immédiatement consacré par la parution de la compilation homonyme, qui voit apparaître You Know You're Right, dernier morceau enregistré par le groupe lors de la jam session aux Robert Lang Studios à la fin janvier 1994[m 26],[p 11],[p 12]. Les coffrets With the Lights Out et Sliver: The Best of the Box suivent en 2004 et 2005, proposant démos, répétitions et titres en live non sortis officiellement jusqu'alors[16].

Après la nouvelle publication, cette fois en DVD, de Live! Tonight! Sold Out!! en 2006 et du MTV Unplugged in New York en 2007[17],[18], limpressionnante performance scénique du trio lors du festival de Reading 1992 suit le même chemin en 2009 avec Live at Reading[19]. En parallèle, Sub Pop célèbre le vingtième anniversaire de son album le plus vendu, Bleach, en lui offrant une édition spéciale[20]. DGC Records fait ensuite de même avec les deux autres albums studios en 2011 et 2013[21],[22].

Grohl, Novoselic et Smear, guitariste additionnel de Nirvana sur scène et quasiment considéré comme le quatrième membre du groupe, se retrouvent pour la première fois ensemble lors du 12-12-12: The Concert for Sandy Relief, un concert qui a lieu le 12 décembre 2012 au Madison Square Garden en faveur des victimes de l'ouragan Sandy, où ils rejoignent Paul McCartney sur la chanson Cut Me Some Slack, composée pour la musique du film Sound City réalisé par Grohl[23]. Le bassiste des Beatles les invite de nouveau le 19 juillet 2013 pour interpréter le même titre lors de son unique concert au Safeco Field, à Seattle, sorte de retour aux sources pour les survivants de Nirvana[24].

Foo Fighters

Article détaillé : Foo Fighters (groupe)

Après la mort de Kurt Cobain, Dave Grohl entre en dépression, trouvant difficile d'écouter et de jouer de la musique, et hésite même à arrêter sa carrière musicale[25],[p 13]. Entamant alors « une sorte de thérapie cathartique, pour enregistrer et sortir les chansons qu'il a lui-même écrites »[p 14], il enregistre intégralement une dizaine de morceaux en une semaine aux Robert Lang Studios en octobre 1994[25], aidé par le producteur Barrett Jones[g 17]. Prévoyant de les publier dans un premier temps sous le nom de Foo Fighters[p 15],[p 16],[g 18], le label Capitol Records, avec qui il signe un contrat[p 15],[p 17], et ses amis l'encourage à engager d'autres membres pour former un groupe et ainsi promouvoir l'album homonyme par des concerts : Nate Mendel à la basse, William Goldsmith à la batterie et Pat Smear à la guitare[25]. Ce premier disque sort en juillet 1995[g 19], se vendant à plus de 2 millions d'exemplaires dans le monde en six mois[p 18].

Ce succès et l'intense tournée que le groupe mène par la suite pendant huit mois pousse Grohl et ses compagnons à enregistrer un nouvel album avec Gil Norton[g 20]. Goldsmith, ne trouvant pas sa place, et Smear, épuisé par la tournée qu'ils viennent de vivre et n'étant pas motivé pour en entamer une nouvelle, décident de quitter Foo Fighters, remplacés respectivement par Taylor Hawkins et Franz Stahl[25],[g 21]. The Colour and the Shape dépasse son prédécesseur au niveau des ventes[26]. Stahl quitte Foo Fighters à la fin des deux années de tournée, laissant Grohl, Hawkins et Mendel enregistrer There Is Nothing Left to Lose à trois. Chris Shiflett devient alors le quatrième membre du groupe lors de la tournée de promotion de ce troisième album de 1999 à 2001[25],[p 19].

Après une courte pause[p 20],[o 2],[27] et de vives tensions entre Hawkins et Grohl[25], octobre 2002 voit la sortie de One by One, leur quatrième album studio qui dépasse les 2 millions de ventes mondiales en six mois[28] et obtient le Grammy Award du « Meilleur Album Rock » en 2004[29]. Sous l'impulsion de Grohl[p 21],[p 22], le groupe célèbre son dixième anniversaire avec In Your Honor, un double album comprenant un disque rock et un acoustique[25],[p 15]. Smear fait son retour au sein de la formation lors de la dernière partie de la tournée mondiale, proposée en acoustique et donnant naissance à l'album live Skin and Bones[30]. Echoes, Silence, Patience and Grace, suit logiquement en proposant un mélange de chansons allant du punk hardcore à la country[31] et est récompensé du Grammy Award du « meilleur album rock » en 2008[32].

Après sa première compilation, Greatest Hits, Grohl décide d'installer un studio dans son garage en Californie et fait appel à Butch Vig pour la production, vingt après Nevermind[p 23]. Défini comme « capturant l'essence même du groupe », Wasting Light est un retour aux sources qui n'est pas sans rappeler l'époque Nirvana avec des sons plus grunge, voyant également la participation de Krist Novoselic sur la chanson I Should Have Known (après l'échec de ses deux groupes Sweet 75 et Eyes Adrift, celui-ci s'était alors tourné vers la politique)[25],[m 28]. Publié en avril 2011 en parallèle de Back and Forth, le film retraçant l'historique de Foo Fighters via des interviews, le septième album studio est suivi de peu par un album de reprises intitulé Medium Rare, uniquement disponible en vinyle[33]. Ils achèvent leur tournée fin septembre 2012 et annoncent une pause à durée indéterminée[34], qui voit Grohl réaliser Sound City, un documentaire autour des studios Sound City, lieu de l'enregistrement de Nevermind[35]. Les membres du groupe commencent de nouveau à évoquer la préparation d'un nouvel album pour Foo Fighters en 2013, mais sans toutefois pouvoir annoncer de date de sortie[36].

Style musical

Musique et influences

Avec un « son de basse profond, parfois sombre et boueux, des distorsions mises en avant et des mélodies éparses que porte la voix de Kurt Cobain, à l'intensité souvent primale »[m 7], Bleach est le résultat souhaité par Sub Pop, label de Seattle ayant fortement influencé le grunge en signant les groupes locaux et les faisant enregistrer au Reciprocal Recording avec Jack Endino[a 43]. Ainsi, les albums qui y sont produits proposent un punk rock violent aux riffs « omniprésents », traversé de « quelques éclairs pop », mais occultent tout solo de guitare[t 9]. Sur un autre label pour Nevermind, Cobain exprime bien plus son talent pour les mélodies pop efficaces, qu'il oppose à la rage punk rock entrevue précédemment. Ce mélange, considéré par les critiques musicaux comme particulièrement réussi, est d'ailleurs l'un des principaux facteurs du succès de l'album[t 10],[d 3]. Pour le troisième et dernier opus, In Utero, le groupe et Steve Albini désiraient revenir à un son plus brut, comme sur Bleach[a 37]. La musique est ainsi à la fois plus abrasive, mais paradoxalement plus accessible que sur Nevermind, oscillant entre instincts punk et harmonies pop[a 44]. Le chanteur estime que celle-ci est plus expérimentale et plus agressive qu'auparavant, et donne un aperçu de ce qu'auraient été leurs futures productions[r 13],[a 45].

Caractéristiques du grunge et de Nirvana, la plupart de leurs chansons présentent des séquences d'accords basées principalement sur des power chords et des changements de nuances, passant de couplets calmes à des refrains énergiques au rythme des riffs de guitare dissonants[p 24],[p 25]. De fait, la distorsion et le chorus sont les principaux effets utilisés par le groupe[p 26]. De même, au niveau de la voix, Butch Vig s'est servi, parfois avec ruse, de la technique du re-recording pour donner plus de puissance au chant de Cobain sur Nevermind (Drain You)[3], alors qu'Albini considérait que c'était inutile, l'écho d'une pièce isolée lui paraissant suffisant[r 14]. L'arrivée de Dave Grohl au sein du groupe a permis de stabiliser la formation, mais aussi de plus impliquer son instrument dans leurs chansons. La batterie est ainsi très présente sur In Bloom et sur le deuxième album en général[d 4]. Bien que le batteur enregistre seul dans une pièce séparée et bardée d'une trentaine de micros pour capter la réverbération naturelle de la salle[a 46], la production finale d'In Utero ne met finalement que très peu en valeur son jeu[g 13]. Afin de donner un son particulier à sa basse, Krist Novoselic l'accorde en ré bémol, soit un ton et demi plus bas que la normale[p 2].

Pendant son enfance, l'entourage de Cobain lui offre de nombreuses cassettes audio des Beatles, celui-ci se passionnant pour le groupe mythique qu'il écoute en boucle. Quand il se met à composer ses propres chansons, pop notamment, elles en subissent naturellement l'influence[m 7]. Ainsi, About a Girl, ballade à la « mélodie carillonnante et au refrain ironique »[s 2], et Dumb rappellent les « les mélodies simples et lumineuses » du Fab Four[m 29]. Même si son talent pour l'écriture de ce type de morceaux est reconnu, ils ne constituent pas la majorité du répertoire de Nirvana, Cobain préférant alterner couplets calmes et refrains puissants dans le style des Pixies[d 5]. Des chansons comme Smells Like Teen Spirit, Mr. Moustache ou Paper Cuts marquent aussi une opposition entre rugissements de guitares, rythme lourd et mélodie folk, à la façon Led Zeppelin[s 2],[37],[38]. Cette inspiration présente dès le premier album se retrouve souvent confrontée à un tempo proche du metal de Black Sabbath et Metallica (Scoff, School, Swap Meet, Sifting)[38],[37],[d 6].

Partageant avec elles le même producteur, le groupe propose quelques riffs proches de ceux des autres formations de la scène grunge de Seattle, tels les Melvins sur Paper Cuts[s 2],[37] ou Mudhoney sur Negative Creep[d 7]. L'importance de l'ingénieur du son dans le processus de création amène le trio vers de nouvelles orientations musicales, notamment lors du remixage d'In Utero, où All Apologies et Dumb bénéficient du violoncelle de Kera Schaley[m 29]. Cette touche délicate est le fruit de Scott Litt, dont le travail se rapproche de ce qu'il avait fait sur Automatic for the People, de R.E.M.[m 22]. De même, ils ont privilégié Andy Wallace lors du mixage de Nevermind, car ils appréciaient le son qu'il avait produit sur l'album Seasons in the Abyss du groupe de thrash metal Slayer en 1990[b 3]. En outre, Novoselic estime que l'enregistrement de Bleach a été influencé par la combinaison The Smithereens / Celtic Frost écoutée dans leur van à ce moment-là[p 27], tandis que Cobain a reconnu avoir eu pour objectif que leur deuxième album sonne comme du « Bay City Rollers subissant l'assaut de Black Flag »[p 24].

Nirvana a également effectué un grand nombre de reprises au cours de sa carrière, que ce soit en studio ou sur scène. Le premier single du groupe[m 3], Love Buzz, est d'ailleurs à l'origine une chanson du groupe néerlandais de pop psychédélique des années 1960 Shocking Blue, dont les paroles ont été notablement modifiées[d 8]. D'autres morceaux comme Molly's Lips des Vaselines ou Turnaround de Devo figurent sur l'EP Hormoaning sorti en 1992[39], tandis que d'autres titres comme Baba O'Riley des Who ou D-7 des Wipers ont été joués lors de concerts ou festivals sans toutefois être ensuite enregistrés en studio[m 30],[40]. Cependant, les reprises les plus marquantes du trio sont celles du MTV Unplugged in New York, lors de l'émission MTV Unplugged aux studios Sony Music où le groupe propose un set acoustique avec les instruments débranchés[m 24]. Nirvana y interprète Jesus Doesn't Want Me for a Sunbeam des Vaselines[m 25], avant The Man Who Sold the World de David Bowie, exécutée de façon « très dylanienne et fidèle en ce sens à l'original paru en 1970 », qui « constitue l'un des sommets du concert »[m 25]. Les frères Kirkwood des Meat Puppets rejoignent ensuite le groupe pour trois de leurs chansons : Plateau, Oh Me et Lake of Fire[m 25], la première étant qualifiée de « moment de grâce » tant Cobain éprouve des difficultés sur « les passages les plus hauts ou les plus graves »[d 9]. Le trio achève le spectacle sur Where Did You Sleep Last Night de Leadbelly, dont le final « marque les esprits » avec « la voix brisée de Cobain », qui « suinte de douleur »[d 10]. Ce dernier, qui présente le bluesman comme étant « mon interprète... notre interprète favori »[c 1],[m 25], refuse le rappel demandé par les producteurs de l'émission estimant qu'il ne pourrait pas faire mieux[c 2].

Thèmes et compositions

Principal auteur-compositeur de Nirvana, Kurt Cobain a souvent été critiqué pour ses paroles décrites comme « incohérentes »[c 3],[d 11],[38], au point que certains animateurs de radios refusent même au début de passer Smells Like Teen Spirit sur leurs ondes car ils n'arrivent pas à comprendre ce qu'il chante[c 4]. Ce type de comportements l'énervait d'ailleurs tout particulièrement car pour lui, « il n'y a pas d'explication aux paroles »[p 28]. Néanmoins, la plupart des morceaux s'inspirent d'événements ayant marqué sa vie[a 47],[a 48]. Ainsi, plusieurs chansons de Nevermind évoquent la relation dysfonctionnelle entre Cobain et Tobi Vail entre 1989 et 1990[c 5], certaines sont en lien avec sa difficile adolescence[s 2],[m 7], tandis que d'autres traitent de son mal-être perpétuel[m 31]. Il avoue cependant après la sortie du deuxième album studio que « certaines de mes expériences les plus intimes, comme des ruptures ou des mauvaises fréquentations, font écho au vide béant que ressent la personne dans la chanson, une solitude extrême, un ras-le-bol »[p 29].

À travers les trois disques, une évolution des paroles est notable, même si elles restent majoritairement peu empreintes d'optimisme et de bonheur. Celles de Bleach sont ainsi présentées comme « délibérément sombres et claustrophobes »[s 3] alors que Cobain commence à peindre des scènes violentes révélant pour la plupart sa haine de lui-même et des autres sur Nevermind[c 5]. Le troisième, In Utero, propose des textes plus directs et plus construits autour de thèmes nihilistes, de l'inadéquation sociale et de la frustration du compositeur, laissant entrevoir ses premières intentions suicidaires[m 32],[a 44],[p 30]. Dans ce dernier album, Cobain s'appuie également bien plus sur ses lectures, s'inspirant notamment de la biographie de l'actrice Frances Farmer pour Frances Farmer Will Have Her Revenge on Seattle[r 15] et du roman historique de Patrick Süskind Le Parfum sur Scentless Apprentice[r 16].

Outre la colère récurrente du chanteur, celui-ci reprend de façon régulière d'autres thématiques au cours de ses compositions. Il aborde ainsi à maintes reprises le machisme, sujet qui lui tient à cur puisqu'il a souvent été victime des brimades de ses camarades au lycée[m 7], des « mecs qui picolent ensemble, se battent et pissent comme des animaux pour marquer leur territoire » en qui il ne se reconnaît pas et dont il cherche absolument à se démarquer[m 33],[t 11]. Il est d'ailleurs dégoûté de retrouver ce types de personnes dans le public de Nirvana et n'hésite pas à leur montrer son mépris via les chansons Mr. Moustache, Downer et Very Ape[a 49],[s 2],[m 29]. Son adolescence est d'autant plus une grande source d'inspiration puisque cela a été une période difficile pour Cobain. En effet, après le divorce de ses parents lorsqu'il a huit ans, il habite dans un premier temps chez sa mère avant de s'en aller vivre pendant plusieurs mois dans la rue en 1985[a 50],[m 33]. Sans argent, ni domicile fixe, sa situation précaire l'oblige à dormir pendant quelques mois dans le van de Novoselic, chez Dale Crover ou encore, selon la légende, sous un pont de la rivière Wishkah à Aberdeen (Something in the Way)[d 12],[m 34]. Cette expérience l'a traumatisé, jugeant ses parents responsables de ce qui lui est arrivé dans Scoff[m 7] et se définissant de « raté défaitiste » sur Negative Creep[s 2],[m 7]. Les paroles de Paper Cuts, qui évoquent le « calvaire d'un enfant maltraité qui grandit enfermé dans une pièce aux vitres peintes en noir », font ainsi écho à son enfance[d 13].

Résultat ou non de cette période de sa vie, les chansons de Cobain sont marquées de sa souffrance et de ce que certains appellent son « aliénation », se servant de la musique pour s'en échapper[m 35]. Souvent ironique, et parfois même humoristique, il raconte l'histoire d'assassins dérangés sur Floyd the Barber[38],[d 14], pratique l'autodérision sur On a Plain[d 15] ou bien compare sa vie à celle de Frances Farmer, une actrice hollywoodienne des années 1930-1940 dont la carrière s'est retrouvée rapidement stoppée à la suite de sa volonté de vouloir changer le système du cinéma, qui a ensuite fait un séjour de plusieurs années en hôpital psychiatrique[m 31]. Sur Lithium, il dresse par ailleurs un parallèle avec un jeune homme déprimé et au bord de la folie, qui lui fait le choix de se tourner vers la religion : une attitude que l'auteur ne comprend pas[t 12]. Bien qu'ayant fait un court séjour dans la famille born again de son ami Jesse Reed[a 50],[m 33], Cobain a toujours préféré « gérer sa douleur » en prenant des drogues plutôt que de s'en remettre à Dieu, d'abord en fumant du cannabis avant d'en prendre des plus fortes, notamment l'héroïne[d 16],[b 8].

En plus de son goût peu prononcé pour les paroles optimistes, le chanteur se passionne également pour tout ce qui touche aux sécrétions corporelles et aux maladies, sujet récurrent sur In Utero[m 34]. Ainsi, Drain You évoque une histoire d'amour fusionnelle entre deux bébés voisins de couveuse à l'hôpital[d 17], Scentless Apprentice empile les images scatologiques[d 18], tandis que Tourette's rend hommage au médecin français qui a diagnostiqué le premier cette maladie[m 22]. Cette fascination morbide pour les relents du corps humain se retrouve aussi sur Pennyroyal Tea, où il décrit les effets de la tisane à la menthe pouliot, qui aurait des vertus abortives et déclencherait des contractions utérines, puis cite les anti-acides à la cerise qu'il prend pour diminuer les problèmes intestinaux qui le tourmentent[m 29].

Dans cette chanson, la révolte qui caractérise habituellement Cobain semble laisser sa place à l'abattement, laissant percevoir l'allusion du suicide[d 19], comme il l'avait déjà fait sur Milk It[d 20]. En effet, depuis les débuts du groupe, le chanteur adresse de vives critiques dans ses textes : à la scène de Seattle sur School qu'il décrit comme « naissante, clanique et hiérarchique »[d 21],[a 51] ; contre l'esprit jeune avec Smells Like Teen Spirit[t 13] ; aux gens forcés d'agir de façon contradictoire à leur nature pour satisfaire à ce qu'on attend d'eux (Come as You Are)[b 8] ; à certaines salles de concert qui font payer les billets d'entrée au groupe, celui-ci devant ensuite lui-même les revendre et perdait de l'argent s'il n'y arrivait pas sur Stay Away[d 22],[m 34] et contre l'autorité en général (Mr. Moustache[d 23], Breed[d 24]).

Après le succès de Nevermind, Nirvana fait face à une surmédiatisation. Cobain, ne souhaitant pas cette vente de masse et ne la supportant pas, s'en prend à l'industrie musicale qui est responsable de ce marketing féroce[m 29]. S'il en avait eu la possibilité, il aurait d'ailleurs aimé pouvoir sortir de ce système[m 22]. Il n'avait d'ailleurs pas hésiter à épingler leur premier label, Sub Pop, car bien qu'indépendant, la pression exercée par celui-ci et son fonctionnement étaient proches de ce qui se faisait dans les majors, alors même que Big Cheese apparaît sur Bleach, sorti par Sub Pop[m 3]. Il règle également à plusieurs reprises ses comptes avec les journalistes qui le traquent lui et Courtney Love (Rape Me et Serve the Servants)[d 25],[d 26]. Sur cette dernière, il refuse aussi toute idée de s'être vendu sur leur deuxième album, en réponse à ceux qui leur en font le reproche[m 32]. Parmi les autres violentes critiques, Gallons of Rubbing Alcohol Flow Through the Strip en est une au styliste Perry Ellis (en), qui a lancé une ligne de vêtements grunge[d 27].

Dans le répertoire de Cobain, figurent malgré tout quelques chansons d'amour, presque toutes inspirées des propres relations de Cobain : de ses ruptures mais aussi de son mariage. Bien que pas forcément reconnu, le talent du chanteur pour l'écriture de ce type de morceaux est pourtant réel[38], en atteste About a Girl, la première, qui « reflète à la perfection la rage, la douleur et la tendresse toujours présente » en référence à sa séparation d'avec Tracy Marander[o 3]. Sur Lounge Act, il reconnaît qu'il est difficile d'être à la fois un artiste et un compagnon convenable, un sentiment qui le déchire de l'intérieur[m 34], se justifiant sur l'échec de sa relation avec Tobi Vail[d 28]. Il raconte ensuite les débuts de son idylle avec Courtney Love sur Heart-Shaped Box, évoquant les boîtes en forme de cur qu'ils s'offrent depuis la fin de l'année 1991[m 36],[d 29]. Milk It et surtout All Apologies sont parmi les autres titres de Cobain abordant le thème de l'amour[d 20]. Sur la seconde, il définit même de « paisible, heureuse et confortable » l'ambiance dans laquelle sa femme, sa fille Frances Bean et lui vivent, contrastant avec l'habituel pessimisme dont il fait preuve[a 40].

À l'instar des violentes critiques qu'il a émis dans ses chansons, Cobain en a également suscitées de fortes avec certaines d'entre elles, même si en réalité, ses textes sont en fait incompris. Ainsi, Polly raconte un fait-divers s'étant déroulé à Tacoma en 1987 au cours duquel une adolescente qu'il connaissait est enlevée, torturée puis violée avant de s'échapper. Les paroles, chantées du point de vue du violeur, peuvent paraître malsaines si interprétées au premier degré, alors qu'il lui exprime son admiration pour le courage dont elle a fait preuve[d 30]. De même, Rape Me tente de montrer le féminisme tout autant que le fatalisme qu'on peut enfouir en soi à la d'un viol. Le titre (« viole moi »), ainsi qu'une partie des paroles, provoquent les foudres des associations féministes, le chanteur se défendant avoir toujours été de leur côté. Il finira par s'approprier ce titre en réponse aux attaques perpétuelles de la presse[m 31]. Dans un autre genre, le dernier vers de Stay Away, God is gay (« Dieu est homo »), déchaîne la fureur des conservateurs américains qui essaient vainement de le faire censurer à la sortie de l'album[d 22]. Ce morceau illustre parfaitement l'indépendance de Nirvana vis-à-vis de toute catégorisation, bien qu'il devienne un hymne de la scène de Seattle[m 34].

Héritage

Considéré « indiscutablement comme l'album de rock le plus important des années 1990 »[o 4], le son de Nevermind donne le ton pour le rock de cette période[p 26]. Il « a durablement influencé le son de toute la décennie »[o 5], car il ne se contente pas de faire sortir de l'ombre la scène grunge de Seattle, il ouvre la voie à des groupes comme Pearl Jam, Soundgarden et Alice in Chains et surtout, il fait connaître auprès du grand public le rock alternatif dans son ensemble, établissant ainsi la viabilité commerciale et culturelle du genre[t 5]. Proposant « des chansons pop tordues qui flirtent avec l'agressivité du punk et les accords puissants du metal », il « inspire toute une génération de musiciens »[o 4] : « aucun autre album dans l'histoire récente n'a eu un impact aussi écrasant sur une génération, une nation d'adolescents soudainement transformés en punks, ni un effet aussi catastrophique sur son principal créateur »[41].

Il marque aussi l'émergence d'une nouvelle génération de fans de musique dans un milieu jusqu'alors dominé par les goûts musicaux de la génération du baby boom. Il « est arrivé exactement au moment qu'il fallait. C'était une musique faite par, pour et à propos de jeunes gens ignorés ou traités avec condescendance »[a 52]. En effet, après des années 1980 dominés dans l'ensemble par un rock plus sage et plus feutré qui n'arrive pas à se renouveler, la mode revient aux guitares frénétiques, non seulement aux États-Unis mais aussi au Royaume-Uni. Cette jeune génération redécouvre à cette occasion le punk rock des années 1970, ainsi que les festivals itinérants consacrés au rock alternatif, tel le Lollapalooza[t 14].

Le succès international du disque a fait revoir les stratégies des labels discographiques. Ceux-ci estiment désormais que les groupes de rock alternatif peuvent atteindre rapidement une grande popularité et n'hésitent plus à leur offrir des avances conséquentes pour l'enregistrement de leurs albums[42]. Les majors du disque proposent ainsi des contrats alléchants à des artistes jusqu'alors underground comme Butthole Surfers, Helmet, L7, Melvins, Mudhoney, The Smashing Pumpkins ou encore Tad[t 15]. Ce changement de politique offre l'opportunité à un grand nombre de groupes de la côte Ouest des États-Unis, tels The Offspring ou Green Day, de briller sur la scène mondiale[m 28].

Son successeur, In Utero, qui reprend la violence de Bleach avec la maturité de Nevermind, est considéré comme « bien meilleur que Nevermind »[p 31]. « Apparaissant pourtant comme une suite idéale à Nevermind de 1991 : un condensé de puissance mal assumée et de sincérité à fleur de peau, qui aura à cur de briser tous les schémas qui avaient été dressés au lendemain de Nevermind », c'est finalement « une sorte d'album maudit, car renié par Geffen, puis Albini, puis Cobain, finalement, l'estimant mal mixé et mastérisé »[t 16], qui semble « aujourd'hui être littéralement oublié par les groupes actuels. S'il y a un album qui s'est vendu à plus de quatre millions d'exemplaires qui est négligé et sous-estimé, c'est bien In Utero »[p 31].

Avec le temps, il apparaît d'ailleurs que seule la popularité du deuxième album studio de Nirvana reste intacte, figurant à la Modèle:17e place du classement des 500 plus grands albums de tous les temps établi par Rolling Stone[41], de la liste des 100 meilleurs albums de tous les temps du Time[43], à la 3e place du classement des 100 meilleurs albums de tous les temps établie par les lecteurs du magazine Q[44] ou encore dans la sélection des 101 disques qui ont changé le monde de la discothèque idéale de Philippe Manuvre[o 1]. In Utero se contente d'une Modèle:13e position dans les « 100 meilleurs albums des années 1990 » de Pitchfork Media[p 32] et d'une 439e place parmi les « 500 meilleurs albums de tous les temps » du magazine Rolling Stone[41]. Il fait néanmoins partie, tout comme Nevermind, des 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie[o 4]. Mais en 2005, la Bibliothèque du Congrès n'ajoute que ce dernier à ses enregistrements sonores considérés comme significatifs selon des critères culturels, historiques et esthétiques[45]. Nirvana fait son entrée au Rock and Roll Hall of Fame en 2014, vingt-cinq ans après la publication de Bleach, soit dès sa première année éligible[46],[47].

Membres

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Formation finale

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Musiciens en concerts

  • Pat Smear guitare, churs (1993-1994)
  • Lori Goldston violoncelle (1993-1994)

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Anciens membres

  • Aaron Burckhard batterie (1987-1988, 1988)
  • Dale Crover - batterie (1988, 1990)
  • Dave Foster - batterie (1988)
  • Chad Channing - batterie (1988-1990)
  • Jason Everman - guitare (1989)
  • Dan Peters - batterie (1990)

Discographie et filmographie

Article détaillé : Discographie de Nirvana

Albums studio

Albums live

Documentaires

  • 1991: The Year Punk Broke : film réalisé lors de la tournée européenne de plusieurs groupes de punk en 1991 et publié l'année suivante.
  • Kurt and Courtney : documentaire de Nick Broomfield paru en 1998 sur la vie du couple.
  • Last Days : film de Gus Van Sant sorti en 2005 et s'inspirant de la vie du chanteur.
  • Classic Albums: Nirvana - Nevermind : documentaire sur l'album Nevermind publié en 2005.
  • Nirvana A Classic Album Under Review In Utero : documentaire sur l'album In Utero paru en 2006.
  • Kurt Cobain: About a Son : récit sorti en 2006 basé sur les heures d'interview entre Kurt Cobain et le journaliste Michael Azerrad.
  • Back and Forth : film sorti retraçant la carrière de Foo Fighters depuis Nirvana à 2011.
  • Hit So Hard : documentaire paru en 2011 sur la vie de Patty Schemel, batteuse du groupe Hole.

Références

Ouvrages

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  2. (en) Bleach by Nirvana sur guardian.co.uk. Consulté le 10 mars 2013
  3. 3,0, 3,1, 3,2, 3,3, 3,4, 3,5 et 3,6 Modèle:Extrait vidéo
  4. 4,0, 4,1, 4,2 et 4,3 (en) Nirvana Live Guide 1991 sur nirvanaguide.com. Consulté le 12 mars 2013
  5. 5,0 et 5,1 (en) Nirvana Live Guide 1992 sur nirvanaguide.com. Consulté le 12 mars 2013
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  10. (en) Swedishcharts.com - Nirvana - In Utero, sverigetopplistan
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  21. Full tracklistings revealed for deluxe reissues of Nirvana's 'Nevermind', juillet 2011, New Musical Express. Consulté le 9 mars 2013
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  23. (en)Paul McCartney fronts Nirvana reunion sur nme.com. Consulté le 13 septembre 2013
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  25. 25,0, 25,1, 25,2, 25,3, 25,4, 25,5, 25,6 et 25,7 (en) Back and Forth, publié en 2011 par RCA Records
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Autres ouvrages

Articles de presse

Autres sources

Liens externes


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Dernière modification de cette page 19.05.2014 14:41:18

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