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Musicien

Rodolphe Kreutzer

Date de naissance 16.11.1766 à Versailles, Île de France, France

Date de décès 6.1.1831 à Genève, GE, Suisse

Rodolphe Kreutzer

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Rodolphe Kreutzer, né le 15 novembre 1766 à Versailles et mort le 6 janvier 1831 à Genève, est un musicien français, violoniste, professeur, compositeur et chef d'orchestre, plus particulièrement connu grâce à la sonate que lui a dédiée Beethoven en 1803.

Biographie

Famille

Il est le fils de Jean Jacob Kreutzer (mort vers 1782/1783), musicien allemand du régiment des Gardes Suisses de Louis XV, et d'Elisabeth Trabol (morte vers 1782/1783) ; il est baptisé le 16 novembre en l'église Notre-Dame de Versailles : le parrain est Rodolphe Krettly, lui aussi musicien au régiment des Gardes Suisses et la marraine Louise Vincent.

Parmi les ancêtres de Rodolphe Kreutzer figure le compositeur anglais Henry Purcell (1658-1695)[réf. nécessaire].

Rodolphe Kreutzer est le frère du violoniste et compositeur Jean Nicolas Auguste Kreutzer (1778-1832) et l'oncle du compositeur Léon Charles François Kreutzer (1817-1868).

Le 28 août 1788, il épouse à Versailles Adélaïde-Charlotte Foucard (née le 31 décembre 1771), fille d'Honoré Foucard, valet de chambre du comte d'Artois. « C'était une femme d'esprit très distinguée, fort intelligente et fort instruite, et dont les parents avaient particulièrement soigné l'éducation. C'est certainement grâce à elle que Kreutzer put arriver à la haute situation qu'il occupa par la suite ; et c'est encore elle qui fit de sa maison, un centre où les célébrités les plus diverses tinrent à honneur d'être admises » (Joseph Hardy, Rodolphe Kreutzer : sa jeunesse à Versailles 1766-1789, 1910). Enterrée au cimetière du Père-Lachaise à Paris (13e division), près du cénotaphe élevé à la mémoire de son mari[2], elle fut exhumée en 1995.

Carrière

Il reçoit ses premiers cours de musique de son père et étudie plus tard avec Anton Stamitz. Il se fait remarquer dès l'âge de 13 ans en exécutant un concerto de sa composition. Il voyage ensuite en Italie et en Allemagne puis revient se fixer en France.

À 16 ans, il est nommé premier violon de l'orchestre royal à la suite de son père par faveur spéciale de la reine Marie-Antoinette car il vient de perdre ses parents et se trouve chargé de leurs trois plus jeunes enfants. Il prend ensuite la place du violon solo dans l'orchestre du Théâtre Italien, mais pense surtout à composer un opéra. Dès 1785, il est membre de la loge maçonnique parisienne La Concorde [3].

Dans les trente années suivantes, il écrit une quarantaine d'opéras, dont il dirige les représentations.

Il devient professeur de violon au Conservatoire dès sa fondation en 1795 et y reste jusqu'en 1826.

Il est membre de la commission des sciences et des arts lors de la campagne d’Italie, à la suite du général Bonaparte.

Ludwig van Beethoven l'ayant entendu jouer à Vienne en 1803, il lui dédie sa sonate pour violon no 9, souvent appelée « La Sonate à Kreutzer ». L'œuvre deviendra célèbre. En 1889, l'écrivain russe Léon Tolstoï donna ce titre à un de ses ouvrages.

En 1817, il devient chef de l'Opéra Parisien, et membre de l'Académie de musique.

Avec ses collègues Pierre Rode et Pierre Baillot, il met au point la Méthode de violon du Conservatoire. On peut désigner[évasif] le trio comme fondateurs de l'École française moderne du violon.

Il cesse de jouer du violon en 1821, s'étant cassé le bras lors d'un voyage dans le Midi de la France.

Il reçoit la légion d'Honneur en 1824.

Rodolphe Kreutzer meurt le 6 janvier 1831 à Genève et est inhumé au Cimetière des Rois.

La lettre du jeune Berlioz

« Au printemps 1823, il y a un homme qui peut tout. C'est Kreutzer, [...] l'auteur de Lodoïska, qu'on donne à l'Opéra-Comique, de La Mort d'Abel, qui triomphe à l'Opéra [...]. Grisé par l'espoir, Berlioz [...] écrit la lettre [...] la plus folle qu'on puisse imaginer. Qu'on songe, avant de la lire, que Berlioz n'a pas vingt ans, qu'il est le romantique par excellence, qu'il n'a près de lui personne pour le guider. Voici cette folle épître :

"Oh ! génie ! Je succombe ! Je meurs ! Les larmes m'étouffent ! La Mort d'Abel ! Dieux ! Quel infâme public ! Il ne sent rien ! Que faut-il donc pour l'émouvoir ? Ô génie ! Et que ferai-je, moi, si un jour ma musique peint les passions ! On ne me comprendra pas... Sublime, déchirant, pathétique ! Ah ! je n'en puis plus : il faut que j'écrive ! A qui écrirai-je ? Au génie ?... Non, je n'ose pas. C'est à l'homme, c'est à Kreutzer... Il se moquera de moi... Ça m'est égal... Je mourrais, si je me taisais... Si la plume ne me tombait des mains, je ne finirais pas. AH ! GÉNIE !!!" »[4].

Pour Arthur Coquard, qui rapporte cet épisode, il « importe de ne pas perdre de vue » que ce type de romantisme est « une sorte de comédie qu'on joue [...] un masque, qu'on met solennellement, à certaines heures, et qu'on dépose avec la même aisance »[5].

Kreutzer ne daigna pas répondre à celui qui allait devenir une des principales figures de la musique en France au XIXe siècle[6].

Œuvres

  • 19 concertos pour violon
  • Musique de chambre
  • 40 opéras, parmi lesquels Jeanne d'Arc à Orléans (1790), Paul et Virginie (1791), Lodoïska ou Les Tartares (1791), La Mort d'Abel (1810, révision 1825)
  • Blanche de Provence ou la Cour des fées, opéra en 3 actes, livret d'Emmanuel Théaulon et de De Rancé, musique de Henri-Montan Berton, François-Adrien Boïeldieu, Luigi Cherubini, Rodolphe Kreutzer et Ferdinando Paër (1821)
  • Clari (ballet) (ru), un ballet-pantomime de Louis Milon, Opéra de Paris (Salle Favart, 1820).
  • 42 études ou caprices de 1796, qui est toujours un ouvrage pédagogique connu pour les violonistes.

Notes et références

  1. Voir la photographie de la tombe
  2. Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, 2006 (ISBN 978-291461-1480), p. 445
  3. Pierre-François Pinaud, « Le cosmopolitisme musical à Paris à la fin du XVIIIe siècle », Chroniques d'histoire maçonnique no 63
  4. Cité par Arthur Coquard, Berlioz. Biographie critique, Paris, Laurens, 1910, pp. 16-19.
  5. A. Coquard, op. cit., pp. 7-8.
  6. Id., p. 19.

Voir aussi

Articles connexes

  • Sonate pour violon et piano nº 9 de Beethoven (1803)
  • La Sonate à Kreutzer, nouvelle de Léon Tolstoï (1891)

Liens externes

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