Claude Nobs

Date de naissance 4.2.1936 à Territet bei Montreux, VD, Suisse

Date de décès 10.1.2013 à Lausanne, VD, Suisse

Claude Nobs

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Claude Nobs, né le février 1936 8 (8-février-1936) (Erreur dexpression : mot « f » non reconnu ans)[1] à Territet dans le canton de Vaud en Suisse, mort le 10 janvier 2013 à Lausanne à la suite d'un accident de ski de fond, est un organisateur de spectacle suisse. Il était le fondateur et directeur du Montreux Jazz Festival.

Biographie

Enfance et jeunesse

Fils d'un père boulanger et d'une mère infirmière, qui s'étaient rencontré à la clinique de Florimont, Claude Nobs grandit à Territet. Contrairement à son frère Jean-Pierre et à sa sur Sylvia[2] qui étaient des enfants sérieux, disciplinés et studieux en classe, il confessera plus tard qu'il était sauvage, turbulent, se soûlait de nature et accumulait les bêtises[3].

Très jeune, il développe une passion pour la musique en écoutant les 78 tours sans étiquettes que son père achète alors au poids. À six ans, alors surnommé par son père « Duke Ellington », il samuse à noter les disques quil aime au moyen détoiles et si lon en croit ses classements cest déjà au jazz que va sa préférence.

À 17 ans, alors qu'il rechigne à se lever aux aurores pour les besoins de la boulangerie familiale, son père le somme de se choisir une profession. Claude opte pour la cuisine et débute ainsi un apprentissage au Schweizerhof de Bâle. Cest dans cet établissement quil obtiendra, quelques années plus tard, le titre de meilleur apprenti cuisinier de Suisse. À cette époque, il prend lhabitude découter tous les jours lémission de radio Pour ceux qui aiment le jazz animée par Franck Tenot et Daniel Filipacchi sur Europe 1. Celle-ci devient pour lui une véritable école de la musique à travers laquelle il apprend à mieux connaître Ray Charles, John Coltrane ou encore Joe Turner.

Carrière

Son apprentissage terminé, il travaille un temps au Centre des congrès de Zurich où, entre la préparation de deux plats, il se faufile discrètement dans les coulisses de la salle de concert pour écouter Duke Ellington, Count Basie ou Ella Fitzgerald, ces artistes quil a découverts enfant grâce aux disques de son père.

Par la suite, il regagne la Suisse romande pour poursuivre sa formation à l'École hôtelière de Lausanne. Désireux dapprofondir ses connaissances dans la finance, il travaille un temps dans une banque et participe durant ses loisirs à la création de la section locale des scouts.

Cest alors que Raymond Jaussi, directeur de loffice du tourisme de Montreux, le remarque et lui propose de rejoindre son équipe au poste de comptable. Jaussi, qui décèle immédiatement lesprit novateur de Nobs, lui confie rapidement lorganisation dévénements pour la ville de Montreux. Claude renoue ainsi avec sa première passion, la musique, en organisant des concerts au sein de lAssociation des jeunes de Montreux dont il est lun des fondateurs, puis dès 1961 pour le Festival de la Rose d'Or.

Cest ainsi quen 1964, il se rend à laéroport au volant de sa vieille voiture pour chercher les artistes de la soirée, un jeune groupe qui se fait appeler The Rolling Stones et qui se produit, ce soir-là, pour la première fois hors de Grande-Bretagne. Une année auparavant, pour l'édition du Festival de la Rose d'Or, qui devait avoir lieu du 29 avril au 4 mai 1963, Nobs s'était rendu à Londres pour rencontrer les Beatles et avait proposé à la Télévision suisse romande, qui organisait le Festival, de les faire participer ; la chaîne avait refusé, sous prétexte qu'ils n'étaient pas assez connus[4]. Il est à préciser que le succès des Beatles, n'est apparu qu'en début d'année 1963, avec la chanson intitulée Please Please Me. Jusque-là, les Beatles n'avaient eu qu'un succès mitigé avec leur premier single, Love Me Do, sorti en 1962. Claude Nobs déclara à ce sujet[3] : « Dans un petit bureau de Carnaby Street, je leur ai sorti mes prospectus, montré ce quétait cette Rose dor, où la BBC avait remporté une récompense lannée précédente. Ils étaient tous là, John, Paul, Ringo qui est lun des hommes les plus drôles du monde, et George qui irradiait comme un ange. Avec Brian Epstein, leur manager, ils ont dit OK, nous venons. De retour en Suisse, le responsable des divertissements de la Télévision romande a refusé : "Les Beatles? Ils ne sont pas assez connus." Ils sont tous passés par là ensuite, séparément. Mais lannée suivante, les Stones ont joué à Montreux. » 

Claude Nobs quitte ainsi rapidement son poste de comptable pour se consacrer pleinement aux différents événements organisés à Montreux et commence également à voyager en Europe et à létranger pour la promotion touristique de la région. En 1965, lors de son premier voyage à New York pour le compte de lOffice du tourisme, il se présente spontanément aux bureaux dAtlantic Records, dont ladresse figure sur ses disques préférés, et demande à voir les frères Ahmet Ertegün et Nesuhi Ertegün, directeurs du label. Sans rendez-vous, il essuie tout dabord un refus mais insiste en expliquant quil vient expressément de Suisse pour les rencontrer. Cet argument convainc finalement Nesuhi Ertegün de le recevoir, car son père a été pendant plusieurs années ambassadeur de Turquie à Berne. Lorsque Nobs fait part à Nesuhi Ertegün de son projet de créer un festival de jazz à Montreux, celui-ci se révèle enthousiaste et lassure de son soutien. Aussitôt naît entre les deux hommes une grande complicité, qui ne fera que se renforcer au fil du temps. Cet épisode qui témoigne de laudace et de la spontanéité de Claude Nobs, marque le début dune belle amitié et un moment décisif dans lhistoire du Montreux Jazz Festival.

Décès

Le 24 décembre 2012, Nobs est victime d'un accident de ski de fond. Plongé dans le coma depuis, il s'éteint à l'âge de 76 ans, le 10 janvier 2013, à Lausanne où il était hospitalisé[5]. Matthieu Jaton, alors secrétaire général, a été désigné le 15 janvier pour lui succéder au poste de Directeur général du festival[6].

Hommage

Le 19 juillet 2013, la municipalité de Montreux annonce la création de l'Avenue Claude Nobs, qui reprend une partie de la Grand'Rue. L'appellation entra en vigueur le 1er octobre 2013[7].

Distinctions et prix

  • 2004 :
    • le magazine Time lui décerne le titre de « European Hero ».
    • la Fondation vaudoise pour la culture lui remet le « prix du rayonnement » pour sa contribution à la musique.
  • 2006 :
    • reçoit le Downbeat Lifetime Award récompensant les personnalités qui ont significativement contribué au développement et à la reconnaissance du jazz à travers le monde. Il est, à ce jour, le seul Européen à avoir obtenu ce titre.
    • 1er avril : reçoit le titre académique de docteur honoris causa de lEPFL récompensant son audace, son goût du risque, son esprit dentreprise et sa force dinnovation hors du commun.
    • 12 décembre : élevé au rang de commandeur de lordre des Arts et des Lettres[8]
  • 2007 :
    • est honoré en qualité de « Bourgeois d'Honneur » de Montreux.
    • 22 janvier : prix de « personnalité de lannée » décerné par le MIDEM (marché internationale du disque et de lédition musicale) en hommage à sa carrière.
  • 2008 : obtient le « prix Herbert » de Gossweiler Media AG, récompensant les personnalités qui ont contribué au développement et à la mise en valeur de la zone alpine.
  • 2011 :
    • Arthur Award pour le Montreux Jazz Festival lors de la Modèle:23e International Live Music Conference à Londres.
    • 19 avril : obtient en reconnaissance de sa carrière le Xaver Award de lAssociation des organisateurs dévénements et de manifestations.
    • 29 avril : Jazzahead Skoda Award à la Foire des professionnels du Jazz de Brême en Allemagne.

Claude Nobs et le Montreux Jazz Festival

Article détaillé : Festival de jazz de Montreux

En 1967, Claude Nobs organise la première édition du Montreux Jazz Festival avec un modeste budget de 10 000 francs. Le festival se déroule alors sur trois jours et connaît immédiatement un grand succès. Deux ans plus tard, Nobs ouvre le festival à la musique rock avec le groupe Ten Years After, suscitant de vives critiques de la part des puristes. En parallèle, il se met à organiser chaque mois des concerts dartistes tels que Pink Floyd, Chicago ou Santana, faisant ainsi de Montreux un haut lieu de la musique pop.

En 1971, lincendie du casino durant le concert de Frank Zappa, inspire au groupe Deep Purple le célèbre tube Smoke on the Water et dote Claude Nobs de son surnom de « Funky Claude ».

En 1973, Nobs est nommé directeur de la section suisse de WEA, regroupant les labels Warner Music Group, Elektra et Atlantic. Cette année-là, il rencontre Miles Davis au Newport Jazz Festival et linvite à se produire à Montreux.

En 1976, il décide de renommer le festival, qui nest plus uniquement dédié au jazz, « Montreux International Festival ». Ce nouveau nom ne perdure cependant que deux éditions tant le Montreux Jazz Festival sest déjà imposé comme une marque auprès du public.

Dans les années 1990, le festival sétend progressivement dans la ville et sur les quais avec de nombreux concerts gratuits et souvre à de nouveaux genres musicaux tels que la musique électronique et le hip-hop. En 1991 ont lieu au Montreux Jazz Festival les premiers enregistrements de concerts en haute définition. Cette année-là, Claude Nobs sassocie avec Quincy Jones qui coproduira le festival à trois reprises en 1991, 1992 et 1993. En 1999, le festival bat tous ses records de fréquentation en franchissant la barre des 220 000 visiteurs. La même année, Claude Nobs développe lengagement culturel et pédagogique du festival en fondant le concours de piano solo, rapidement reconnu au niveau international.

En 2001, Claude Nobs se retire de Warner Music pour se consacrer uniquement au festival. En 2006, à loccasion des 40 ans de la manifestation, il organise deux concerts exceptionnels en hommage aux frères Ertegün et célèbre également son Modèle:70e anniversaire à Los Angeles lors des Grammy Awards[9]. Puis, en 2010, il délègue la direction opérationnelle du festival pour se concentrer sur des projets et concerts spéciaux qui lui tiennent à cur.

Les enregistrements « live » de 1967 à 2012 révèlent linfluence de grands musiciens dans lévolution du jazz, du blues et du rock, et reflètent lhistorique des divers courants stylistiques. En créant le « Montreux Jazz Digital Project » en 2008, Claude Nobs et lEcole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) ont réuni leurs efforts, afin de trouver les financements pour numériser lensemble des documents et mettre en valeur cette ressource digitale de premier ordre pour les générations futures. Ce rêve est devenu, dès 2010, une réalité, grâce au soutien de la Manufacture Horlogère Audemars Piguet qui a reconnu dans ce projet, un attachement et des valeurs communes pour la préservation du patrimoine.

Claude Nobs a laissé un patrimoine documentaire de portée mondiale pour les générations futures, inscrit en juin 2013 au registre de la Mémoire du Monde de l'UNESCO. Son partenaire, Thierry Amsallem, va continuer à faire vivre son oeuvre, en créant la Fondation Claude Nobs afin de préserver et rendre accessible au plus grand nombre cette collection de 5000 heures denregistrements « live ».

"Il s'agit du plus grand témoignage de l'histoire de la musique, qui illustre le jazz, le blues et le rock". C'est en ces termes que Quincy Jones, a qualifié la collection du Montreux Jazz Festival.

Filmographie

À plusieurs reprises, Claude Nobs a produit des vidéos de captation des concerts du festival :

Plusieurs documentaires lui ont été consacrés :

  • En août 2006, CNN trace un portrait de plus dune heure dans lémission Revealed.
  • En 2009, la ZDF réalise un documentaire sur lui intitulé Smoke on the Water: Die Geschichte des Montreux Jazz Festival.

Publications

  • En 2007, paraît une anthologie du Montreux Jazz Festival, réalisée par lauteur britannique Perry Richardson, qui relate en images et sur plus de 1 200 pages les grands moments du festival et de la vie de Claude Nobs.

Notes et références

  1. D'après la notice d'autorité du catalogue général de la Bibliothèque nationale de France.
  2. Pour la première fois, la sur cadette de Claude Nobs raconte, Émission Mise au point, de la Radio télévision suisse (20 janvier 2012)
  3. 3,0 et 3,1 « Mes confessions », 13 juin 2012, L'Hebdo
  4. « Le Boss a toujours eu une longueur d'avance », sur 20min.ch, 10 janvier 2013.
  5. AFP, « Jazz : Claude Nobs est mort » sur lefigaro.fr, 10 janvier 2013. Consulté le 10 janvier 2013
  6. http://www.rts.ch/video/info/journal-12h45/4577125-montreux-jazz-entretien-avec-mathieu-jaton-successeur-de-claude-nobs.html
  7. http://www.mymontreux.ch/tout-savoir-sur-montreux/montreux-news/news/une-avenue-claude-nobs-a-montreux/
  8. Par Renaud Donnedieu de Vabres, ministre français de la Culture et de la Communication.
  9. Entouré notamment dHerb Cohen, Randy Crawford, George Duke, Ahmet Ertegün, Four Play, Herbie Hancock, Al Jarreau, Mick Jones, Charles Lloyd, Les McCann, Sting et Quincy Jones.

Voir aussi

Articles connexes

  • Montreux Jazz Festival
  • Fondation Montreux Jazz 2

Liens externes

  • Site Montreux Jazz Festival
  • (fr+en) Claude Nobs sur lInternet Movie Database.
  • Claude Nobs Foundation (2013)
  • Blog Live at Montreux
  • Claude Nobs Revealed, on CNN.com
  • Vidéo : Claude Nobs en 1972, un portrait, une archive de la Télévision suisse romande
  • « Mes confessions », L'Hebdo du 13 juin 2012

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Dernière modification de cette page 25.04.2014 18:30:59

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