Guillaume de Machaut

Date de naissance 1300

Date de décès 13.4.1377 à Reims, Champagne-Ardenne, France

Guillaume de Machaut

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Guillaume de Machaut
Miniature du XIVe siècle : Nature offre à Guillaume de Machaut trois enfants : Sens, Rhétorique et Musique.

Activité principale Compositeur, Poète
Activités annexes Chanoine

Guillaume de Machaut, né probablement à Machault, à 39 kilomètres de Reims en Champagne Ardennes, vers 1300 et mort à Reims en 1377, est le plus célèbre écrivain et compositeur français du XIVe siècle. Il a marqué pendant au moins un siècle la production artistique européenne.

Vie

Guillaume de Machaut naquit probablement à Machault ou du moins dans la région de Reims aux alentours de 1300. On ne sait rien de certain sur ses vingt premières années. Il reçut sans doute une partie de son éducation à Reims où il rencontra de grands seigneurs. Il fut nommé chanoine au sein du chapitre de la cathédrale à partir de 1337. Il posséda une maison dans cette ville au 4 de l'actuelle rue d'Anjou. Il s'y retira à la fin de sa vie. Il mourut en 1377[1].

Il fut employé comme secrétaire de 1323 à 1346 par Jean Ier de Bohême, avec lequel il acquit l'amour de la fauconnerie, de la chevalerie et des aventures. Il accompagna Jean Ier dans ses divers voyages (principalement des expéditions militaires) à travers l'Europe (en particulier à Prague), participant aux campagnes de Silésie et de Pologne entre 1327 et 1331[2]. En 1330 il voyagea avec lui en Italie[3]. Grâce à son protecteur, il obtint successivement des prébendes canoniales à Verdun en 1330, d'Arras en 1332 et de Reims en 1337[3]. Vers 1340, Machaut vivait à Reims, ayant renoncé à ses autres postes canoniaux à la demande du pape Benoît XII.

En 1346, Jean Ier fut tué à la bataille de Crécy, et Guillaume de Machaut, qui était célèbre et très demandé, entra au service de divers seigneurs, parmi lesquels la fille de son ancien maître, Bonne de Luxembourg, puis Charles II de Navarre, mais aussi Jean de Berry à partir de 1357, et enfin Charles, duc de Normandie, qui allait devenir le roi Charles V en 1364.

Guillaume de Machaut survécut à la Peste noire qui dévasta l'Europe, et vécut ses dernières années à Reims, recopiant ses manuscrits et composant. Son poème Le Veoir Dit (vers 1364) est, selon certains auteurs, autobiographique, relatant une histoire d'amour tardive pour une jeune femme de 19 ans, Péronne d'Armentières, bien que cela soit contesté par d'autres.

uvre

Dans son uvre il défend une idée humaniste du prince alliant les lumières d'un clerc et la vaillance chevaleresque, il est proche de son contemporain Jean III de Craon. Il se sert d'allégories, de la nature qui nous a donné l'Amour et ses enfants, le Doux-penser, Plaisance et Espérance pour inspirer le poète à travers le Sens (raison), la Rhétorique (l'art du discours, envisagé sous sa forme poétique) et la Musique. Tel un nouvel Orphée, mais surtout comme dernier des trouvères, il mêle poésie et musique pour exprimer ses idées et ses sentiments.
Il maîtrise le lai, la ballade, le rondeau, le chant royal et donne une impulsion décisive au virelai, forme née à la fin du XIIIe siècle.

Quand il mourut en 1377, le poète Eustache Deschamps écrivit une complainte à la gloire du « maître de toute mélodie », qui fut mise en musique par François Andrieu.

uvre poétique

L'uvre lyrique de Guillaume de Machaut comprend près de 400 poèmes, dont 235 ballades, 76 rondeaux, 39 virelais, 24 lais, 10 complaintes et 7 chants royaux, et Machaut est pour beaucoup dans la codification et le perfectionnement de ces formes fixes. Une grande partie de sa production lyrique est insérée dans ses poèmes narratifs, ou dits, tels que Le Remède de Fortune et Le Voir Dit. Nombre de ces poèmes n'ont pas été mis en musique ; Machaut a clairement affirmé que pour lui, l'écriture du poème précédait toujours (et avait une plus grande importance que) la composition de la musique. Ses motets en latin étaient destinés à l'église (cérémonies ou offices religieux). Dans le domaine profane, hormis quelques poèmes évoquant les horreurs de la guerre et de la captivité, l'essentiel de la poésie lyrique de Machaut a pour sujet l'amour courtois. Elle exprime la soumission à une dame, ainsi que les joies et les peines du poète. En termes techniques, Machaut était un maître des schémas rythmiques élaborés, et en cela un précurseur des « Grands rhétoriqueurs » du XVe siècle. Pour F. Autrand, Guillaume de Machaut a porté à ses sommets le style dit « courtois international »[4].

L'uvre narrative de Machaut est dominée par le dit, un poème qui, comme son nom l'indique, n'était pas destiné à être chanté. Ces poèmes narratifs à la première personne (tous sauf un sont écrits en couplets doctosyllabes à rimes plates, comme le roman de la même époque) suivent nombre des conventions du Roman de la Rose, comme le recours au rêve allégorique, à des personnages allégoriques, et la situation du narrateur, amant cherchant à revenir vers sa dame ou à la satisfaire. Machaut est également l'auteur d'une chronique poétique d'exploits guerriers (la Prise d'Alexandrie) et de poèmes de consolation et de philosophie morale.

À la fin de sa vie, Machaut écrivit un traité poétique sur son métier (son Prologue).

La poésie de Machaut a directement influencé de nombreux écrivains, dont Eustache Deschamps, Jean Froissart, Christine de Pisan, René Ier de Naples et Geoffrey Chaucer.

Principales uvres narratives de Guillaume de Machaut

  • Jugement dou Roy de Behaingne (Jugement du Roi de Bohême, fin des années 1330) - Le narrateur entend une conversation entre une dame (dont l'amant est mort) et un chevalier (trahi par sa dame) ; afin de déterminer lequel des deux est le plus malheureux, le narrateur va demander l'avis du roi de Bohême, qui consulte des allégories, et le chevalier malheureux est déclaré vainqueur (2079 vers).
  • Le Remède de Fortune (vers 1341) - Le narrateur se voit demander par sa dame si le poème qu'elle a trouvé est de lui ; il la fuit et arrive dans un jardin où Espérance le console et lui apprend comment être un bon amant ; il revient alors auprès de sa dame (environ 4300 vers ; sont insérés 8 poèmes lyriques, dont 7 mis en musique).
  • Dit dou Lyon (Dit du Lion, achevé le 3 avril 1342) - Le narrateur arrive sur une île magique où un lion le guide vers une belle dame ; un vieux chevalier s'approche du narrateur et lui révèle la signification de ce qu'il voit, puis lui donne des conseils pour être un meilleur amant.
  • Dit de l'Alérion, ou Dit des Quatre Oiseaux (avant 1349) - Un conte symbolique d'amour : le narrateur élève quatre oiseaux différents, mais chacun d'entre eux s'enfuit ; un jour, le premier oiseau, son favori, revient auprès de lui.
  • Jugement dou Roy de Navarre (vers 1349) - Suite du Jugement dou Roy de Behaingne : une dame reproche au narrateur d'avoir accordé le prix au chevalier ; le roi de Navarre est consulté, et condamne le poète (4212 vers).
  • Confort d'Ami (1357) - Dédiée à Charles II de Navarre, qui était prisonnier en France, cette consolation poétique donne des exemples (exempla) de force d'âme tirés de récits bibliques et classiques.
  • Dit de la Fonteinne amoureuse, ou Livre de Morphée (écrit pour Jean de Berry, vers 1360) - Le narrateur rencontre un amant désespéré qui doit se séparer de sa dame ; les deux hommes se rendent devant une fontaine magique où ils s'endorment, et en rêve la dame vient consoler son amant (2848 vers).
  • Le Veoir Dit (Le Voir Dit, le dit de la vérité, vers 1364) - Chef-d'uvre de Machaut, ce poème (parfois vu comme autobiographique) raconte la tristesse de la séparation d'un amant de sa dame (Toute-Belle) et les fausses rumeurs répandues sur lui ; des lettres en prose et des poèmes lyriques échangés par les amants malheureux sont intégrés dans le récit (près de 10000 vers).
  • Dit de la Fleur de Lis et de la Marguerite (vers 1369) - Récit amoureux en l'honneur du mariage de Philippe le Hardi (dont les armoiries sont semées de fleurs de lys) avec Marguerite de Flandre (416 vers).
  • Prise d'Alexandrie (vers 1370) - Récit poétique des exploits de Pierre de Lusignan, roi de Chypre, écrit après la mort de celui-ci à la demande de Charles V (près de 9000 vers).
  • Prologue - Conçue comme une préface à l'édition de ses uvres réunies, qu'il rédige vers 1371, cette allégorie décrit les principes de Machaut en matière de poésie, musique et rhétorique ; il y célèbre ses deux sources d'inspiration, Nature et Amour ; Nature lui a donné trois enfants : Sens, qui tient son esprit informé, Rhétorique, qui lui enseigne l'art de construire, et Musique, qui « porte joie » partout où elle est ; Amour lui a donné trois autres enfants, Doux penser, Plaisance et Espérance : ce sont les thèmes sur lesquels vont travailler les dons de Nature.

Autres uvres narratives :

  • Dit de la Marguerite (vers 1364)
  • Dit dou Cerf Blanc (vers 1364)
  • Dit de la Rose (après 1364)
  • Dit dou Cheval (vers 1370)
  • Dit dou Vergier
  • Dit de la Harpe

uvre musicale

Il a contribué au développement de la musique polyphonique dans ses rondeaux, ses ballades et ses motets. Sa célèbre Messe de Notre Dame en cinq parties, composée entre 1360 et 1365, est considérée, en l'état actuel des connaissances, comme la première messe polyphonique complète écrite par un seul auteur. Elle est à quatre voix.

Ses motets isorythmiques à 3 ou 4 voix illustrent notamment les innovations rythmiques de l'Ars Nova, rendues possibles par l'évolution de la notation.

Décompte des uvres

  • 15 dits
  • 1 prologue
  • 1 chronique
  • 235 ballades, dont 42 en musique
  • 76 rondeaux, dont 22 en musique
  • 39 virelais, dont 33 en musique
  • 24 lais, dont 19 en musique
  • 10 complaintes, dont 1 en musique
  • 7 chants royaux, dont 1 en musique
  • 23 motets
  • 1 messe ordinaire, la Messe de Notre Dame
  • 1 hoquet, le Hoquet David

Annexes

Discographie

  • 1997 - Dreams in the Pleasure Garden: Machaut Chansons, Orlando Consort, Deutsche Grammophon DG Archiv 477 6731.
  • 2004 Zodiac : Ars Nova and Ars Subtilior in the Low Countries and Europe, Capilla Flamenca, Eufoda 1360. Contient les enregistrements de Riches d'amour et mendians d'amie et Quant je suis mis au retour de Guillaume de Machaut.
  • 2005 - L'amoureus Tourment: Guillaume de Machaut Eloquentia, avec Marc Mauillon, Vivabiancaluna Biffi, Pierre Hamon: Diapason d'Or, R10 Classica.
  • 2008 - Le Remède de Fortune: Guillaume de Machaut Eloquentia, avec Marc Mauillon, Pierre Hamon: Diapason d'Or et Choc du Monde de la Musique.
  • 2009 - En un gardin. Les quatre saisons de l'Ars Nova. Manuscrits de Stavelot, Mons, Utrecht, Leiden, Capilla Flamenca. MEW 0852. Contient un enregistrement de Se vous n'estes de Guillaume de Machaut.
  • 2010 - Art of Love - Music of Machaut, Robert Sadin, Edge Records[5], avec Mark Feldman, Hassan Hakmoun, John Ellis, Lionel Loueke, Brad Mehldau, Milton Nascimento.
  • 2010 - In Memoriam - Messe de Notre Dame, Musica Nova - Lucien Kandel, Aeon.

Articles connexes

  • uvres poétiques de Guillaume de Machaut
  • Liste des compositions de Guillaume de Machaut
  • Littérature française du Moyen Âge, Littérature médiévale, Poésie médiévale française

Bibliographie

Liens externes

Modèle:Autorité

Références

  1. D. Queruelle et J.Pape, La Fin du chant courtois et les nouvelles formes poétiques, Reims, Bonneton, 1990 
  2. Françoise Autrand, Jean de Berry, Paris, Fayard, 2000, 51 p. (ISBN 978-2-213-60709-2 et ISBN 2213607095) 
  3. 3,0 et 3,1 Autrand, p. 
  4. Autrand, p. 
  5. Robert Sadin fait swinger le Moyen Âge, par Dominique Queillé sur Next-Libération.fr, 27 avril 2010.
Dernière modification de cette page 02.04.2014 19:18:56

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