Pat Metheny
Date de naissance 12.8.1954 à Lee's Summit, MO, Etats-Unis d Amérique
Pat Metheny
Patrick Bruce Metheny, né le 12 août 1954 à Lee's Summit dans le Missouri aux États-Unis, est un guitariste américain de jazz et leader du Pat Metheny Group.
Très prolifique, il se produit sur scène à raison de 200 concerts par an depuis 1974.
Une partie des critiques de jazz a longtemps eu tendance à scinder son œuvre en deux branches : celle de Pat Metheny, jazzman, et celle de Pat Metheny, leader du « Pat Metheny Group ». À une sorte de « Docteur Jekyll », jazzman académique ouvert à des expériences variées, ils opposaient un « Mister Hyde », musicien prospectif et plus commercial. Les récompenses multiples[1] pour l'une et l'autre ne permettront pas de trancher cette question, mais montrent bien la reconnaissance des deux facettes du musicien.
Biographie
Issu d'une famille de musiciens, il commence par la trompette à 8 ans avant de passer à la guitare à 13[2], du fait de problèmes de dentition. Découvert par Gary Burton, il entre à 19 ans au célèbre Berklee College of Music où il enseigne dès l'année suivante, devenant alors le plus jeune professeur de l'histoire de l'école[3],[4].
Son premier enregistrement est l'album Jaco (1974) de Jaco Pastorius, avec Paul Bley et Bruce Ditmas[2]. De 1974 à 1977, Gary Burton le prend comme guitariste dans son groupe. Mais Pat ne se satisfait pas en simple accompagnateur. Très vite, il se fait un nom. Sa popularité démarre en 1975 avec l'album Bright Size Life (avec Bob Moses à la batterie et Jaco Pastorius à la basse). En parallèle il fonde en 1977 son propre groupe avec le pianiste Lyle Mays qu'il a rencontré dans le groupe de Gary Burton[2].
Pat Metheny Group
Le Pat Metheny Group est une entité considérée par l'artiste comme étant la pierre angulaire expérimentale de sa musique. Elle lui permet toutes les fantaisies de compositeur.
Le noyau initial était composé du binôme Metheny/Mays. À partir de 1981, le noyau s'établit autour de 3 personnes : Metheny, Mays et Steve Rodby (en) qui sont tous coproducteurs du groupe.
On retrouve dans la musique du Pat Metheny group de nombreuses influences : le jazz, le folk, le rock, la musique country, la world music (notamment la musique brésilienne, et plus particulièrement celle de Milton Nascimento), la musique classique (en particulier les compositeurs impressionnistes)...
Les morceaux du Pat Metheny group sont généralement cosignés par Metheny et Mays. Les rôles ne sont pas figés, mais, la plupart du temps, Pat Metheny écrit la trame mélodique et harmonique tandis que Mays réalise l'arrangement final.
Si la « cellule centrale » (Metheny, Mays) reste inchangée, le personnel du groupe a souvent été remanié. On a pu y entendre :
- guitare basse et/ou contrebasse : Mark Egan (en), Steve Rodby (en)
- batterie : Danny Gottlieb, Paul Wertico (en), Antonio Sanchez
- Percussions : Naná Vasconcelos, Armando Marcal
- Trompette, voix, percussions : Cuong Vu
- Harmonica, percussions : Gregoire Maret
Ainsi que Pedro Aznar, Mark Ledford (en), David Blamires (en), Richard Bona, Nando Lauria, Philip Hamilton, Dave Holland, Roy Haynes aux voix, percussions, guitare, basse et autres instruments.
On notera que la plupart des musiciens sont poly-instrumentistes, ce qui permet à Metheny et Mays d'écrire des morceaux aux instrumentations variées et aux arrangements souvent complexes.
Metheny lui-même joue de différents types de guitares : guitares acoustiques 6 ou 12 cordes, guitare Pikasso[5] (une guitare à 42 cordes construite pour Metheny par Linda Manzer), guitares électriques, guitare-synthé (pour piloter via protocole MIDI un synclavier)...
De son côte, Lyle Mays, en plus du piano et des synthétiseurs, a parfois aussi joué au sein du groupe de la trompette, de l'autoharpe, de la guitare et de l'accordéon.
Autres projets et collaborations
Lorsqu'il travaille hors du Pat Metheny Group, Pat Metheny se produit comme leader au sein de petites formations (duos, trios, quartet) ou comme accompagnateur pour d'autres musiciens (voir discographie). Musicien au spectre large, on a pu l'entendre dans des contextes très différent : jazz moderne post-bop, free jazz (avec par exemple Ornette Coleman), jazz-rock, pop, rock (avec David Bowie), musique brésilienne (avec Milton Nascimento, Toninho Horta...), musique contemporaine (avec Steve Reich)...
Metheny a également participé comme compositeur et/ou instrumentiste à quelques musiques de films (Under Fire, Le Jeu du faucon, Passaggio per il paradiso, Map of the World, parmi d'autres).
Certains des projets personnels de Metheny sont très éloignés du jazz-rock/world music du Pat Metheny Group. On a pu ainsi l'entendre dans des albums expérimentaux assez pointus comme son disque avec Derek Bailey ou le difficile Zero Tolerance for Silence.
Metheny lui-même assure que ce sont ses activités hors du groupe qui lui permettent de financer les projets du Pat Metheny Group.
Pat Metheny, en dehors de ses activités d'instrumentiste et de compositeur, a également produit des albums d'artistes dont la musique est assez éloignée du jazz (par exemple, les chanteuses Noa et Anna Maria Jopek).
Début 2010, il sort un album solo réalisé avec un « orchestrion[6]. La sortie de cet album s'accompagne d'une tournée mondiale. Grâce à cette technologie, Metheny peut avec sa guitare piloter en direct un autre instrument (le piano par exemple) ou séquencer pour les utiliser comme accompagnement les parties d'une multitude d'instruments. L'originalité du projet vient de la rencontre entre une technologie high-tech (ordinateurs, synclavier, instruments MIDI) et une technologie volontairement « passéiste » (instruments automates au charme désuet).
Influences
Pat Metheny indique qu'il a d'abord été un grand fan des Beatles avant que le jazz se révèle à lui en découvrant, à l'âge de 12 ans, l'album Four & More de Miles Davis[3].
Pat Metheny répète souvent qu'il joue la musique qu'il aimerait entendre. Sa musique reflète sa curiosité : il avoue avoir été influencé par la musique classique, la musique contemporaine (collaborations avec Steve Reich qui compose pour lui Electric Counterpoint en 1987), le rock, la musique folk et country américaine mais aussi les musiques traditionnelles du monde. Il est notamment très influencé par la musique brésilienne. Il a vécu au Brésil pendant un moment et a travaillé avec des musiciens tels que Milton Nascimento ou Toninho Horta.
Comme guitaristes, Metheny a souvent cité Wes Montgomery et Jim Hall comme ses influences principales. Le jeu de Metheny montre aussi l'influence d'Ornette Coleman, figure emblématique du free jazz et inventeur de l'harmolodie, avec lequel il a enregistré un disque.
Metheny a, à son tour, influencé de nombreux musiciens de la nouvelle génération, qui sont nombreux à faire des reprises de ses compositions ou même à rejoindre les rangs du Pat Metheny Group ou d'autres de ses projets.
Il est considéré comme l'un des principaux représentants du jazz rural ou pastoral[3].
Pat Metheny est aussi connu pour ses prises de positions. Il a publié une critique virulente du saxophoniste soprano Kenny G[7], qu'il accuse non seulement d'être un musicien à la technique défaillante, et ne sachant pas improviser, mais surtout d'avoir utilisé la chanson de Louis Armstrong, What a Wonderful World, en overdubbing. Il a aussi déclaré : « Il y a plus de mauvaise musique en jazz que dans tout autre style. Peut-être parce que le public ne sait pas vraiment ce qui se passe[8]. »
Guitares
La luthière canadienne Linda Manzer (en) a réalisé plusieurs guitares pour Pat Metheny : celui-ci en identifie une vingtaine à la fin des années 2000 et affirme que « chacune [lui] a ouvert une nouvelle gamme de possibilités sonores à explorer »[9]. Il indique que la première qu'elle a confectionnée pour lui en 1982, une guitare acoustique à 6 cordes qu'il appelle Linda 6 et qu'il utilise pour la première fois sur son album Rejoicing[9], l'a encouragé à commencer à jouer de cet instrument[10]. De son côté, Linda Manzer estime que Pat Metheny l'a inspirée « dans l'exploration au-delà de tout ce qu'elle pensait possible pour une guitare »[9]. L'une des guitares les plus notables réalisées par Linda Manzer pour Pat Metheny est la guitare Pikasso, inspirée des tableaux cubistes de Pablo Picasso[11], qui se distingue notamment par ses 4 manches et ses 42 cordes : elle résulte d'une commande formulée par Pat Metheny en 1984 pour une guitare ayant « le plus de cordes possibles ». La réalisation a demandé deux ans (environ 1 000 heures) et Pat Metheny indique qu'il lui a fallu environ dix ans pour savoir accorder et maîtriser l'instrument[12].
Discographie
Voir Discographie de Pat Metheny.
Prix et distinctions
Pat Metheny a gagné de très nombreux prix[13] :
- 35 nominations et 20 prix gagnés aux Grammy Awards
- 1983 : Meilleure interprétation de jazz fusion pour Offramp, Pat Metheny Group
- 1984 : Meilleure interprétation de jazz fusion pour Travels, Pat Metheny Group
- 1985 : Meilleure interprétation de jazz fusion pour First Circle, Pat Metheny Group
- 1988 : Meilleure interprétation de jazz fusion pour Still Life, Pat Metheny Group
- 1990 : Meilleure interprétation de jazz fusion pour Letter from Home, Pat Metheny Group
- 1991 : Meilleure composition instrumentale (en) pour Change of Heart, Pat Metheny Group
- 1993 : Meilleur album de jazz contemporain pour Secret Story, Pat Metheny
- 1994 : Meilleur album de jazz contemporain pour The Road to You, Pat Metheny Group
- 1996 : Meilleur album de jazz contemporain pour We Live Here, Pat Metheny Group
- 1998 : Meilleur album de jazz instrumental pour Beyond the Missouri Sky, Charlie Haden et Pat Metheny Group
- 1999 : Meilleur album de jazz contemporain pour Imaginary Day, Pat Metheny Group
- 1999 : Meilleure interprétation de rock instrumental (en) pour The Roots of Coincidence, Pat Metheny Group
- 2000 : Meilleur album de jazz instrumental pour Like Minds, Gary Burton, Chick Corea, Roy Haynes, Dave Holland et Pat Metheny
- 2001 : Meilleur solo de jazz improvisé pour (Go) Get It, Pat Metheny
- 2003 : Meilleur album de jazz contemporain pour Speaking of Now, Pat Metheny Group
- 2004 : Meilleur album New Age (en) pour One Quiet Night, Pat Metheny
- 2006 : Meilleur album de jazz contemporain pour The Way Up, Pat Metheny Group
- 2012 : Meilleur album New Age (en) pour What’s It All About, Pat Metheny
- 2013 : Meilleur album de jazz instrumental pour Unity Band, Pat Metheny Unity Band
- 3 disques d'or (pour Secret Story, Still Live Talking et Letter From Home)
- « Guitariste de l'année » par le Down Beat Readers Poll en 1989, 1990, et de 2007 à 2013
- « Jazzman de l'année » (1990), « Meilleur joueur de guitare-synthé » (1990, 1991, 1992), « Meilleur guitariste » (2013), « meilleur groupe » (1990, 2013) par le JazzTimes Readers Poll
- En 1995, Pat Metheny se voit attribuer le prix Miles-Davis par le Festival international de jazz de Montréal.
- Il a été introduit en 2013 au Down Beat Hall of Fame.
Notes et références
- 17 Grammy Awards, 33 fois nommé dans 12 catégories différentes.
- (en) Scott Yanow, « Biographie de Pat Metheny », sur allmusic.com (consulté le 5 novembre 2013).
- (en) David Ake, « The Emergence of the Rural American Ideal in Jazz: Keith Jarrett and Pat Metheny on ECM Records », Jazz Perspectives, vol. 1, no 1, mai 2007, p. 29-59 (lire en ligne)
- Il est aujourd'hui égalé par Esperanza Spalding.
- La forme de la guitare rappelle celle peinte par Pablo Picasso pendant sa période cubisme. visible ici.
- Selon le Littré, « Sorte d'orgue portatif / piano uni à quelques registres d'orgue. » Comparable à un limonaire amélioré (c'est d'ailleurs Kenquien, une société spécialisée dans les orgues de barbarie, pianos mécaniques et autres instruments automates, qui a construit la majorité des robots), constitué d'un ensemble d'instruments acoustiques (piano, marimba, guitare, percussions...) « joués » par des robots pilotés via MIDI par une guitare et/ou un ordinateur.
- Pat Metheny à propos de Kenny G.
- Interview publiée dans l'International Herald Tribune, 1992
- (en) « Manzer Guitars Introduces Metheny-Manzer Signature 6 », sur www.premierguitar.com, Premier Guitar, 19 novembre 2008 (consulté le 20 janvier 2016).
- (en) « Pat Metheny's Guitar Rig », sur www.jazzguitar.be (consulté le 20 janvier 2016).
- (en) Damian Fanelli, « Pat Metheny's 42-String Manzer Picasso Guitar — Video », sur www.guitarworld.com, Guitar World, 28 mai 2015 (consulté le 20 janvier 2016).
- (en) Christopher Scapelliti, « Pat Metheny Plays the Four-Necked, 42-String Pikasso Guitar », Guitar Player (en), 21 mai 2015 (consulté le 20 janvier 2016).
- Voir la liste complète sur le site de Pat Metheny.
Annexes
Bibliographie
- Ludovic Florin, Pascal Ségala, Pat Metheny, Artiste multiplunique, préface de Steve Rodby, textes validés par Pat Metheny, Éditions du Layeur, 2017. (ISBN 978-2-915126-35-8)
- Luigi Viva, Pat Metheny : biographie, style, instruments, traduit de l'italien par Philippe Di Maria, Filipacchi, 1990. (ISBN 2-85018-330-X) ([1])
- (it) Luigi Viva, Pat Metheny-Una chitarra oltre il cielo, Stampa Alternativa/Nuovi Equilibri, 2013.
- Travaux universitaires
- Bernard Verney, sous la direction de Jean-Rémy Julien, Multiples aspects d'un guitariste de la nouvelle génération, mémoire de maîtrise en musicologie, université de Lyon 2, 1991, 310 p, avec une K7 audio.
- Partitions
- Pat Metheny Songbook, Hal Leonard, 2000 (ISBN 978-0634007965)
Liens externes
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- Fiche sur le site du Festival international de jazz de Montréal
- (en) Site de Pat Metheny
- (en) Pat Metheny sur l’Internet Movie Database
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